MOIS
D'AOUT 2003 (2° quinzaine)
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19/08/03
: Déprime :
Décidément cela
ne va pas mieux.
Aujourd'hui nous faisions une de nos promenades classiques
à vélo, une de celle que nous effectuons plusieurs fois par saison,
qui chaque fois nous ravit parce que le site est merveilleux, parce que la lumière,
l'état de la marée est chaque fois différent, que c'est donc
toujours à la fois la même promenade avec ses mêmes arrêts
quasi rituels à certains endroits et chaque fois un spectacle différent.
Aujourd'hui je n'y étais pas. Je regardais la côte, la mer et les
nuages, la lumière splendide pourtant et c'était comme une routine.
J'étais à vélo, je pédalais, je m'arrêtais,
je repartais comme les autres, je suivais le mouvement mais sans joie, sans me
départir d'un vague sentiment de tristesse
On sent vraiment
que les vacances basculent vers leur fin. Beaucoup de gens autour de nous déjà
repartent après la pointe de fréquentation du début août.
Ce qui est heureux, un peu moins de monde dans le secteur, est aussi porteur de
mélancolie, des maisons aux volets clos, des bateaux rangés sous
les housses ou dans les garages, encore un été, encore une saison,
encore une année qui sera passée
J'ai l'impression de ne pas
avoir fait grand-chose de ce mois, pas de découverte, pas d'enrichissement,
pas de progrès de soi ou d'apaisement en profondeur. Juste du temps qui
est passé, plutôt agréablement d'ailleurs, mais cela suffit-il.
Moi aussi je repars dans quelques jours, chaque jour qui passe m'en rapproche,
il me faudra démarrer une nouvelle année, retrouver mes routines,
sans perspective de changement, avec le sentiment au contraire que d'année
en année tout se répète, avec des horizons dans la vie professionnelle
comme dans la vie personnelle qui se bouchent chaque fois un peu plus, en attendant
le déclin,. Même tout ce sur quoi j'ai eu le sentiment d'avancer
ces derniers temps, mes envies d'écrire, l'Apa, le diarisme, le yoga même,
j'en parlais dans ma précédente entrée, me paraissent vu
d'ici, maintenant que je m'en suis déconnecté depuis un moment,
comme dérisoires et vides de sens, sinon même pour ce qui est de
mes activités diaristiques, malsaines et impudiques.
Papa est reparti
à Paris ce matin. Je pense aussi que sa présence ne m'a pas fait
du bien. Je m'étais senti heureux d'être avec lui dans notre maison
du midi mais ici, ce n'est pas pareil, est-ce simplement de l'avoir trop vu en
peu de temps, est-ce parce qu'ici il n'a pas ses repaires, que je me sens plus
obligé de le prendre en charge, de lui proposer des activités, de
l'amener en promenade, est-ce parce que je me sens de plus en plus gêné
de la présence quasi constante de la jeune femme qui l'accompagne ? Un
peu de tout cela sans doute mais je crois surtout que ce qui m'a été
pénible, c'est que j'ai senti plus fortement ici à quel point il
vieillissait. J'ai du mal à le prendre pour un vieux monsieur ce qu'il
est pourtant. On ne s'en rend pas compte d'abord parce qu'il est physiquement
très en forme, très actif et très dynamique, qu'il reste
vif et brillant dans sa façon de s'exprimer mais certains signes ne trompent
pas, il écoute de moins en moins les autres, il ne dialogue plus vraiment,
il suit son idée, devient rigide. Maman est morte, Papa est vieux, tout
cela je le sais, j'en ai parlé ici déjà mais j'ai l'impression
d'en prendre conscience de plus en plus en profondeur, d'en être lentement
imprégné, avec tout ce que cela veut dire pour moi-même.
Le
suicide de notre amie est là aussi. Je n'y pense quasiment jamais, j'ai
renoncé à me questionner, à essayer de comprendre, les raisons
qui l'ont poussé sont un mystère sur lequel je n'ai pas lieu de
m'interroger, son acte lui appartient en propre et à elle seule. Mais c'est
un point noir qui est là en arrière fond et colore toutes ces vacances
et qui parle aussi, de façon universelle, de la douleur et du désespoir
de vivre
Demain nous partons en " voyage ". Nous allons
voir pour deux jours la sur de Constance et sa famille, en vacances 250
km plus au sud. Ce n'est pas vraiment mon truc de faire autant de bagnole pour
une visite aussi courte. Je ne sais pas si j'en ai envie ou pas, j'ai l'impression
que cela m'indiffère, allons-y, ça ou autre chose
Allez
Valclair, secoue-toi !
Je ne suis pas tout à fait au bout de la déprime
quand même puisque j'ai eu l'envie d'écrire ces mots, pour moi et
pour les autres, puisque je ne veux pas tuer Valclair comme je l'ai envisagé
un moment ces jours ci et que dès mon retour je mettrais tout ceci en ligne.
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22/08/03
: Voyager :
Heureuse initiative que notre excursion
! J'ai passé deux excellentes journées.
Je me rends compte
une fois de plus qu'il n'y a rien que j'aime mieux que de voyager. Découvrir
de nouveaux lieux, de nouveaux paysages, de nouveaux aspects de la beauté
du monde est pour moi un plaisir toujours renouvelé. Face à un paysage
superbe qui se dévoile pour la première fois à moi, je garde
ma fraîcheur, mon enthousiasme, là j'adhère sans réserve
et sans stérile questionnement au moment vécu. Bien sûr je
sais qu'un trop long nomadisme est, comme tout, porteur de lassitude, il doit
être interrompu par des moments où l'on se retrouve dans des endroits
connus, balisés, où l'on se ressource. Mais des vacances pour moi
doivent comporter au moins un temps de voyage et de découverte, sinon il
me manque quelquechose, je m'en doutais au moment de notre départ et je
l'avais écrit, je ne fais qu'en avoir confirmation.
Noirmoutier n'était
pas vraiment une découverte car j'ai déjà eu l'occasion de
passer quelques jours à plusieurs reprises à cet endroit. Mais c'était
en tout cas une redécouverte, il y avait plusieurs années que je
n'y avais pas été, de plus nous avons exploré des parties
de l'île où je n'avais jamais mis les pieds. C'est aussi, plus peut-être
que ce à quoi je m'attendais, un vrai dépaysement par rapport à
notre coin de Bretagne. L'ambiance est totalement différente, bien plus
méridionale avec les maisons basses à la blancheur éblouissantes,
les toits de tuile, les pinèdes odorantes, l'espace nu des marais, les
chevaux, les étangs peuplés d'oiseaux, les pyramides de sel ponctuant
le paysage. On était ailleurs. J'avais besoin d'ailleurs.
En même
temps on était accueilli. Pas de préoccupation matérielle.
Sous l'ombrage du jardin qui n'est qu'un lambeau de forêt, c'est la grillade
de poissons dès notre arrivée, le muscadet frais et le plaisir de
se retrouver. Puis l'excursion en vélo vers les plages de l'ouest de l'île,
face à l'océan et les baignades dans une eau encore plus tiède
qu'en Bretagne, deux autres surs de Constance, également en vacances
sur l'île, nous ont rejoint avec de nombreux cousins. Les papotages de famille,
dans un cadre comme celui-là, entre sable, ciel et eau, sont bien moins
pesants que dans les réunions à l'occasion des fêtes ou des
anniversaires, ils coulent agréablement, on s'y associe ou en s'en détache
à volonté en glissant dans une rêverie pour soi, la face contre
le sable chaud ou par un plongeon dans l'eau et quelques brasses déliées.
Le lendemain nouvelle randonnée, tour quasi complet de l'île par
les pistes cyclables, cinquante kilomètres de vélo, jambes moulues,
mollets rougis de soleil, corps et visage recrus de lumière et de chaleur
mais c'était une bonne fatigue, c'était juste un peu difficile de
s'arracher à l'heure du soleil déclinant et de reprendre la route.
Long
retour dans la nuit tombante, long crépuscule, le ciel devant nous encore
lumineux, passant du rose, au mauve, au bleu de nuit, tandis que par derrière
tout était déjà plongé dans l'obscurité totale,
nous avions l'impression exaltante de poursuivre le jour, puis la nuit noire a
été là à son tour, une nuit sans lune, un ciel riche
d'étoiles, avec la voie lactée particulièrement nette au-dessus
de nos têtes lorsqu enfin nous sommes arrivés
Oui c'était
un bref mais beau voyage.
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30/08/03 : Rentrée
chaotique :
Je n'écris pas ! La rentrée
est vraiment chaotique et ne m'en laisse pas le loisir. Je suis à Paris
depuis le début de la semaine. C'est la rentrée avec tout ce qu'elle
comporte de courses et préparatifs divers. Mais outre cela j'ai trouvé
au bureau des problèmes imprévus qui m'ont largement mobilisés.
A la maison l'ordinateur est malade, j'ai choppé semble-t-il au moment
même où je me reconnectais pour la première fois le méchant
Blaster et depuis, malgré un première tentative de réparation,
rien n'est correctement rétabli, ma machine fonctionne avec une lenteur
exaspérante et ne permet pas les connexions à internet. Je n'ai
pas pu actualiser mon site pas plus que je n'ai pu aller lire mon courrier ou
reprendre mes promenades chez les diaristes.
J'attends cet après-midi
des amis bardés d'antivirus et censés s'y connaître en informatique.
On va tâcher de remettre tout ça en état. Mais par moments
on aurait envie de passer par la fenêtre tous ces matériels envahissants.
C'est la face noire de l'informatisation et d'internet, c'est un outil d'une puissance
incroyable mais c'est aussi l'encombrement de soi, le temps avalé par les
aléas matériels, la création de nouvelles dépendances.
Je ne sais plus où je suis sinon dans cette agitation vibrionnante
de la rentrée. Je ne me sens pas raffermi, regonflé, " récuré
" par mes vacances cette année. Je ne me sens pas porté avec
joie vers les semaines qui viennent, riche d'attentes et de projets comme parfois.
J'essaye d'assurer comme je peux, je vais au plus pressé.
J'espère
que les choses vont se mettre en place, que je vais trouver le rythme et avec
lui de l'apaisement, de la sérénité, du contentement
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