MOIS
de NOVEMBRE 2003 (2°quinzaine)
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18/11/03
: Bonheur mouillé :
Donc nous avons passé le week-end à
la campagne. Dans une vraie campagne profonde, à l'extrémité
de la Seine et Marne, dans un village vieillot et sans charme particulier. Les
murs ici sont plus faits de crépis disgracieux que de belles pierres apparentes.
L'endroit n'a pas le côté propret, léché, des villages
complètement colonisés par les résidences secondaires des
parisiens mais il en garde plus d'authenticité. Il est posé à
flanc de vallon, ouvert d'un côté sur un bois, de l'autre côté
on devine sur la hauteur l'amorce du plateau briard avec ses routes rectilignes
et son openfield. Nous allions là pour le première fois, dans la
maison d'une des amies avec qui nous randonnons de temps en temps. Nous n'étions
que six, plusieurs des marcheurs de notre petite bande s'étant découragés
en raison de la météo peu engageante.
Samedi après-midi
il faisait un temps encore à peu près correct, nous avons fait un
tour autour du village, une assez courte promenade avant que ne tombe la trop
précoce nuit de novembre, dans les bois, avec ce plaisir de marcher dans
les feuilles tombées, puis dans le vallon, le long du ruisselet qui court
au fond, les lumières commençaient de s'allumer aux fenêtres
du village lorsque nous l'avons rejoint. Nous avons allumé le feu dans
la cheminée, nous avons partagé le pot au feu puis passé
la soirée dans une ambiance calme, à discuter plaisamment en regardant
les flammes. Plaisir des groupes peu nombreux, d'amis bien choisis, la communication
est facile, décontractée. Constance même qui se sent souvent
si mal dans les groupes en ce moment était détendue et contente.
Dimanche il pleuvait à verse, nous sommes partis cependant pour la longue
randonnée prévue, emballés dans nos capes de pluie, à
travers bois, le long du canal de l'Ourcq puis dans les zones marécageuses
qui l'entourent. Nous avons écourté un peu notre marche, nous avons
renoncé au pique-nique évidemment et sommes revenus déjeuner
dans la maison de notre amie, au chaud, auprès du feu. Mais nous étions
bien d'avoir marché cependant, d'avoir fait fonctionner nos corps, d'avoir
respiré, d'avoir senti le vent, l'humidité, on en appréciait
d'autant plus ce retour dans la maison chaleureuse, le bol de bouillon chaud,
les flammes dans la cheminée, le bruit de la pluie sur le toit et contre
les vitres.
Bonheur simple...
Nul moment à se questionner alors.
Nulle envie de tenter de mettre des mots sur ce bonheur. Juste le vivre, dans
son immédiateté, dans sa fragilité.
Ce n'est que cette
nuit, m'éveillant, alors que reviennent dans mon insomnie des tas de questions
torturantes sur mon travail qui m'ennuie, sur ma vie avec ses fêlures et
ses impasses, sur le temps qui passe, que j'ai eu envie d'écrire ces quelques
mots, peut-être pour rattraper un peu le moment, plus sûrement pour
me détourner de pensées que je n'avais pas envie d'avoir.
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20/11/03
: Anniversaires :
Encore une fois hier je me suis
laissé entraîner à un trop long zapping de diariste en diariste.
J'y ai passé toute la soirée. J'étais rentré fatigué
du boulot, excédé même par une journée trop longue
et sans efficacité, encombrée de dysfonctionnements divers. Je me
suis installé devant l'ordi et me suis laissé porter de site en
site. C'est une façon de décompresser, un peu comme d'autres s'affalent
devant la télé. C'est un comportement de facilité qui ne
nécessite aucune mobilisation de soi. C'est une raison de plus à
celles que je donnais l'autre jour, et sans doute pas la moindre, pour expliquer
mes orgies de lectures diaristes en ce moment.
Dans ma déambulation
je suis passé chez Chat Fou,
qui m'a paru plus intéressant que je ne l'avais perçu d'abord, j'y
ai trouvé des textes sensibles, émouvants même. Je suis tombé
sur l'évocation qu'il fait de l'anniversaire de la mort de sa mère.
J'ai réalisé que celle-ci était décédée,
à quelques jours près, au même moment que ma propre mère.
Maman ! C'est étrange, je n'ai pas pensé à elle une seule
seconde ces derniers temps, je n'ai pas vu passer le jour anniversaire de sa mort,
pas plus celui de ses obsèques. Je m'en sens presque culpabilisé.
Pour moi-même... Vis à vis de Papa aussi
Il aurait été
bien que j'aie un mot gentil pour lui pendant ces journées, que nous partagions
quelquechose, un silence, une évocation. Lui-même n'a rien manifesté,
ce n'est pas pour autant qu'il n'y a pas pensé. Merci à Chat Fou
qui bien involontairement et sans le savoir, me permet de revenir un instant vers
ces moments, de revenir vers Maman et de la faire revivre là où
elle ne peut tout à fait mourir, au fond de mon cur.
Un an
déjà ! C'est incroyable ! Ce temps a passé comme un éclair,
comme passent les années désormais, un temps qui parait sans épaisseur.
Peut-être est-ce pour ça que je n'aime pas les anniversaires, parce
qu'ils reviennent si vite. Laissons passer le temps, il passe bien assez vite
sans qu'on ait besoin d'en rajouter !
Mais mes oublis des anniversaires
me mènent parfois jusqu'à l'indélicatesse, symptôme
peut-être d'une certaine dureté de cur qui m'attriste. L'autre
soir, un soir banal, un soir de milieu de semaine, Constance avait acheté
un beau gâteau. " To celebrate " m'a-t-elle dit. Je l'ai regardée
un peu interloqué, cherchant à quoi elle faisait allusion et j'ai
bien vu qu'il lui faisait peine que ce ne soit pas une évidence pour moi.
Il a fallu qu'elle prononce la date pour que je réalise. Notre mariage
bien sûr ! Ç'aurait été bien que j'y pense, que j'ai
un petit cadeau, une petite fleur à offrir ce jour là. C'est aussi
peut-être de petites attentions comme celles-là qu'elle a besoin
pour aller mieux. Je ne suis pas très bon pour ça, pour les petites
attentions, pour les petits gestes de tendresse et d'amour dans le quotidien.
J'ai des efforts à faire, plutôt que de me plaindre de ce que notre
relation est devenue si plate, si vide, l'amour ça se cultive, ça
s'entretient. Bien sûr ça ne résoudra pas tout. Ça
ne règlera pas les problèmes bien plus profonds de Constance. Ça
ne rallumera pas de la passion. Mais ça ne peut pas faire de mal.
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22/11/03
: Je voudrais :
Je me réveille un peu tôt,
alors j'écris. Pas pour longtemps. C'est un week-end volé qui commence.
Je suis requis pour un salon toute la journée. Dans quelques minutes je
vais me préparer, investir ma dégaine et mon personnage professionnel
puis je me mettrai en route. Je vais rentrer dans une bulle et, pour moi-même,
me mettre entre parenthèses. Et demain je dois rédiger un texte
pour une réunion en début de semaine ! Cette part de ma vie me pèse
de plus en plus, je fais tout à reculons et, en général,
à la dernière minute, quand j'y suis vraiment obligé.
Il
y a tant de choses que je voudrais faire et dont je ne trouve pas le temps.
Je
voudrais écrire mon journal, sans hâte, au rythme où je le
ressens, je voudrais aller chez les diaristes, continuer mes explorations, continuer
de partir à la découverte, je crois même que ça me
plairait de faire partie du comité de lecture de la CEV, je voudrais aller
mettre mon grain de sel dans les forums, je voudrais rentrer plus dans l'intimité
des diaristes qui m'intéressent vraiment, approfondir mes relations avec
certains d'entre eux, consacrer du temps à des échanges privés.
Et puis je voudrais écrire d'autres textes qui me tiennent à cur,
de vieux projets, sans aucun rapport avec mes récents intérêts
diaristiques, quelques nouvelles notamment dont j'ai les thèmes et les
personnages en tête depuis un bon moment. Et je voudrais avoir le temps
de lire des livres, des essais qui me fassent penser et des romans qui me transportent
loin, les poètes aussi pour me gorger de la musique des mots, je voudrais
aller au cinéma, aller au théâtre, visiter des expos plus
que je ne le fais
Mais je voudrais aussi, m'accorder des respirations,
des blancs, des silences, je voudrais écouter de la musique en ne faisant
que cela, je voudrais me laisser aller à des moments de pure rêverie,
je voudrais prendre le temps de quelques pratiques de yoga, chez moi et pour moi
seul, pas uniquement dans le cadre de ma petite séance hebdomadaire avec
le groupe.
Et je voudrais faire de grands voyages, des voyages de découverte,
des voyages hors des sentiers touristiques trop battus, des voyages où
je marche, des voyages où mon corps est sollicité, des voyages où
je respire.
Et puis encore et peut-être surtout je voudrais retrouver
en moi des enthousiasmes, je voudrais ranimer quelquechose avec Constance, (quelquechose,
quoi, je ne sais pas, je n'ose pas dire une flamme, cela je n'y crois pas), je
voudrais trouver des amis nouveaux et pourquoi pas de nouvelles amours, je voudrais
réenchanter ma vie
Mais ça ce sont des espoirs plus vagues,
plus flous, je ne suis plus dans ce que je maîtrise, tout ça ne dépend
pas de moi seulement, cela dépend des autres et des hasards de la vie mais
encore faut-il que moi je sois en état d'accueillir...
Tout cela
? C'est brasser trop large peut-être ?
Il faut faire des choix sûrement,
se donner des priorités. Mais cela serait déjà plus facile
si tant de temps (et d'énergie surtout) n'étaient pas occupé
par la vie professionnelle obligée.
Je me prends presque à
envier ceux qui partent à la retraite. J'ai l'impression que moi je saurais
quoi en faire de ce temps enfin libéré. Et en même temps je
ne veux pas que ce moment soit là car cela voudrait dire que j'aurais encore
un bon paquet d'années en plus, que j'aurais basculé dans un autre
âge de la vie. Et cela viendra bien assez vite !
Une disponibilité
? J'y repense tout à coup. Cela avait été chez moi, une idée
récurrente, plusieurs années de suite, à l'époque
cela s'inscrivait dans une volonté de chercher un autre travail, mais je
n'avais jamais franchi le pas, je n'avais jamais osé. Maintenant ce serait
autre chose, ce serait juste prendre du temps pour moi, une simple année
sabbatique pour mettre en uvre certains projets et en sachant que je reviendrais.
Cela voudrait dire casser toutes nos tirelires, accepter pendant un temps un mode
de vie plus austère, renoncer à bien des choses qui peut-être
ne sont pas indispensables mais auxquelles on est habitué
Pourquoi
pas? Pourquoi ne pas même oser y réfléchir?
Ce ne fut
qu'une brève pensée. Une idée qui s'est instillée
en moi cependant et qui reviendra peut-être mais qui vraiment pour le moment
ne parait pas réalisable. Je ne peux pas raisonner sur moi seul et avec
mes deux grands ados, avec les besoins légitimes qui sont les leurs, avec
l'étape où ils en sont de leurs études, ce n'est vraiment
pas possible. Donc il faut que je fonctionne comme je peux, du mieux que je peux,
avec ce travail, il en est de pire et de plus prenant, à moi de m'organiser
et de faire mes choix
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23/11/03
: Grande Bibliothèque :
Je ne me suis pas mis au
texte que je dois écrire pour le bureau et déjà la soirée
s'avance. Tant pis. Je dois faire ce pensum pour mardi, je sens que je ne parviendrais
pas à m'y coller avant lundi soir ! Par contre j'ai travaillé avec
plaisir sur mon site, j'ai remis à jour ma liste de favoris et j'ai enfin
complété l'index, jusque là à peine amorcé,
des livres et des films dont j'ai parlé dans ces pages.
Et puis j'ai
fait une promenade parisienne aujourd'hui encore. Quelle ambivalence. J'ai très
souvent envie de fuir Paris mais Paris je l'adore, je m'en délecte, je
ne cesse de le découvrir.
Je voulais aller au cinéma mais encore
une fois je me suis laissé entraîner par mes pas. J'allais au MK2
dans le quartier de la Grande Bibliothèque qui ne cesse de changer, j'ai
voulu prendre la mesure de ce changement. J'ai suivi l'avenue non encore ouverte
à la circulation construite dans le prolongement de l'Avenue de France,
on longe les voies du chemin de fer, on découvre des perspectives parfaitement
inconnues puisque jusqu'à maintenant il n'existait pas de rues dans ce
secteur mais seulement des immeubles vétustes et des entrepôts. On
aperçoit en face le dôme de St Louis de la Salpêtrière
puis la grande verrière de la gare d'Austerlitz et l'on débouche
sur le pont Charles de Gaulle. L'avenue est bordée d'immeubles de bureaux
en cours d'achèvement, vastes façades de verre et de métal
mais on aperçoit encore en contrebas quelques petits immeubles vétustes
du Paris populaire aux murs lépreux et aux ouvertures déjà
condamnées, on devine derrière les façades sur rue les cours
pavées avec leurs quelques arbres maigres mais élancés dont
les sommets dépassent au-dessus des toits. Là aussi je suis ambivalent,
j'adore voir ces nouveaux quartiers sortir de terre, sentir la nouvelle ville
qui se dessine, je communie avec ces affirmations de puissance prométhéenne
mais en même temps je sais bien tout ce qu'elle implique d'élimination
du vieux tissu urbain et, plus grave, des gens qui vont avec, repoussé
vers de lointaines banlieues.
Je traverse la Seine, prend le quai de l'autre
côté, débouche sous l'immeuble du ministère des Finances
puis je retraverse le fleuve, je longe le quai sous la Bibliothèque, je
monte les marches de bois sous les quatre tours impressionnantes, des silhouettes
de promeneurs sur la terrasse se détachent en contre-jour sur fond de ciel
noir. De là-haut la vue est belle, vers le parc de Bercy, plein ciel et
pleine Seine. J'ai hâte que soit construite la passerelle qui relaiera le
parc et la terrasse de la bibliothèque, passant au-dessus du fleuve et
des flots de voitures des deux quais. Une jolie jeune femme est assise là,
juste au rebord des marches, je devine à son regard concentré, à
sa façon de respirer, aux quelques gestes qu'elle fait de ses bras et de
ses jambes, qu'elle enchaîne de discrètes postures de yoga. J'aurais
voulu attendre, la laisser faire en la regardant à distance puis lui dire
un mot banal du genre " bel endroit pour pratiquer ", pour marquer l'espèce
de connivence que j'ai ressentie en effet et peut-être pour engager la conversation
mais je n'ai pas osé, j'étais déjà reparti.
J'ai
traversé l'esplanade, marqué un arrêt au dessus de la cour
centrale et de ses bouquets de grands arbres, étrange et folle forêt
plaquée là entre les tours, dans la fosse aux livres. J'ai dépassé
les cinémas sans nulle envie de m'y arrêter car ne voulant pas interrompre
de façon trop brutale les images portées par cette marche. J'ai
longé l'esplanade dans l'autre sens et repris le métro pour rentrer...
Je
me suis senti des envies de photos. Je pense depuis un moment à acheter
un appareil numérique pour ponctuer ce site de quelques images qui seraient
une autre façon de m'exprimer, qui diraient d'une autre façon les
paysages et les ambiances, celles du dehors et celles de mes états intérieurs.
Tiens cela fait encore un " je voudrais " à rajouter à
ma liste d'hier !
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29/11/03
: Point aveugle et virtualités réalisées:
Hier
j'ai été à la banque, j'ai signé des chèques
pour faire un petit placement avec une somme qui m'est revenue suite à
la succession de maman. Je me sentais un peu mal à l'aise. Je ne connais
pas grand-chose à tout cela, faisais-je le bon choix ? Et placer de l'argent
cela veut dire quoi ? En sortant il y avait un pauvre gars qui faisait la manche
à trois pas de la banque. Je venais de signer pour quelques milliers d'euros
et je n'avais pas une pièce au fond de ma poche. Malaise
Malaise
persistant plus tard en rentrant à la maison. Quelquechose d'autre n'allait
pas
Et tout à coup ça a fait tilt. Bon sang mais c'est bien
sûr ! Il y a quelques jours à peine, dans ces pages, m'avait brièvement
traversé l'idée de prendre une disponibilité. J'avais tout
de suite écarté cette hypothèse, impossible, je n'aurais
pas de quoi vivre
Et pourtant si, en mangeant ce petit capital, mois
par mois, en surplus du salaire de Constance, il y aurait parfaitement eu de quoi
assurer correctement le nécessaire pour nous quatre pendant un an. Ça
ne m'est même pas venu à l'esprit. Il y a eu un rideau total, les
flux de mes pensées sur ces deux thèmes pourtant si proches, ne
se sont pas rencontrés. C'est seulement après avoir signé
à la banque, après avoir rendu cet argent indisponible dans l'immédiat
qu'une connexion s'est faite. Comme s'il était inconcevable que cet argent
puisse être dépensé, comme s'il ne pouvait s'inscrire que
dans une mise à l'écart, comme s'il ne pouvait participer que d'une
accumulation.
Pourquoi cet étrange point aveugle ? Est-ce parce qu'au
fond je ne suis pas prêt, que je n'ai pas tant envie que cela de mettre
à l'écart mon travail salarié même si j'ai parfois
le sentiment d'être saturé ? Est-ce par indécrottable atavisme
petit-bourgeois ? Est-ce à cause d'une plus profonde volonté mortifère
de retenir, par incapacité d'être dans la vie, le flux, la dépense
(je me souviens de phrases lumineuses d'Althusser là-dessus dans sa terrible
autobiographie)?
A part cela j'ai réussi à me concentrer
un peu plus sur certaines de mes priorités. J'ai réussi à
me remettre un peu à écrire en dehors de ce journal, j'ai repris
un texte ancien que je voudrais déposer à l'Association
pour l'Autobiographie, j'ai rédigé des articulations, fais les
mises en forme nécessaire. En fait c'est un vieux projet. Cela fait déjà
trois ans que je suis dans cette association, avant donc que je ne commence à
m'investir dans le diarisme sur internet, j'y avais adhéré dans
la perspective de déposer certains de mes textes mais je ne l'ai jamais
fait, symptôme encore une fois de mon fonctionnement à base de longues
périodes de latence, de mon incapacité à me jeter d'emblée
dans l'action, de mon besoin de tourner sept fois une idée dans ma tête
avant de la réaliser (que dis-je sept fois, soixante-dix sept fois !!!)
Je
me suis un peu calmé dans mes frénésies d'explorations diaristiques
et je n'ai pas mis le nez sur le forum de la CEV depuis trois jours. Ouf ! Trop
de temps consacré à ça, oui vraiment trop de temps, ce n'est
pas faux de dire que ce peut être quasiment une drogue, avec accoutumance,
attirance irrésistible, qu'il y a une espèce de compulsion une fois
que l'on est devant son ordinateur à cliquer sur le lien inconnu, ouvrir
une porte, une autre, une autre encore, jusqu'où
Je me suis contenté
de visiter quelques diaristes plus proches. Comment pour moi, engoncé dans
mon couple fatigué, ne pas suivre avec une espèce de fascination,
vaguement envieuse et peut-être un peu malsaine, les coups d'amour qui enchantent
aussi bien Azulah que l'Intimiste
et la façon très différente dont l'une et l'autre gèrent
cette étape de leur vie ? Comment ne pas avoir envie de me pencher aussi
par-dessus l'épaule de ceux qui se sont retrouvés pour une chaleureuse
rencontre montréalaise, comment ne pas avoir envie d'aller sentir,
ne serait-ce que virtuellement, les
bonnes odeurs de la cuisine de Sylvia ?
Je me rends compte écrivant
cela que peu à peu ce qui m'accroche le plus dans le diarisme en ligne,
ce sont bien les rencontres réelles auxquelles il peut conduire, qu'elles
soient amicales ou plus passionnées. Au départ j'avais une grande
réserve par rapport à toute idée de rencontre, à toute
idée de mêler vie réelle et vie internautique, peut-être
que je suis en train de changer, peut-être que mon entreprise va commencer
à prendre un autre sens (à moins que ce fut un sens présent
dès le début mais qui me restait caché ou que je ne voulais
pas m'avouer ?)
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29/11/03
: Bref célibat :
J'ai profité d'un quasi
week-end de célibataire. J'aime bien me retrouver seul, à condition
j'imagine que ça ne dure pas trop.
Constance est partie vendredi soir
en banlieue pour s'occuper de sa mère qui vient de subir une intervention
bénigne. Samedi matin les garçons sont partis tôt au lycée,
dans l'après-midi et en soirée, ils sortaient avec des copains et
copines. J'ai eu mon samedi pour moi tout seul.
J'ai assez bien travaillé
pour moi même toute la matinée, j'ai repris des vieux textes, j'ai
écrit. Dans le silence, sans personne qui me tourne autour, en pleine concentration.
J'étais bien. Á midi je me suis sorti un bon petit plat du congélateur,
j'ai débouché une bonne bouteille sans me l'interdire au prétexte
que j'étais seul. J'ai déjeuné en écoutant la voix
éthérée de Deller chantant Purcell et pas le babil des informations
à la radio ou les dernières sorties rock qu'affectionnent les garçons.
Je
suis descendu à la supérette pour faire quelques courses. Il y avait
un stand de la banque alimentaire qui faisait sa collecte d'hiver. J'ai acheté
pas mal de produits - si peu ! - pour leur remettre.
Je suis parti me promener
dans l'après-midi. Il faisait froid. Ciel sombre, chargé, avec cette
luminosité particulière qui précède la neige. Je me
suis senti des envies d'hiver, de montagne, de paysages noyés de blanc
et de gris, de marches ou de glisses silencieuses dans le froid mordant, de retour
au chalet chaleureux, de chocolats fumants et de vins chauds brûlants et
parfumés.
Je suis allé au cinéma, changement de décor,
la Californie, le soleil, une comédie enlevée, des acteurs de charme,
Georges Clooney et de Catherine Zeta-Jones, la démesure de l'Amérique,
je me laisse porter par ce divertissement
En sortant le temps avait
changé, deux heures avaient suffi pour que les flux d'ouest ramènent
douceur et humidité et je suis rentré à la maison sous une
pluie soutenue, l'automne était de retour, le mauvais automne lorsque les
feuilles sont déjà tombées, l'automne de vent et de pluie.
J'ai
repris mes activités à la maison, j'ai bien avancé encore
même si je me suis un peu perdu dans des mises en page trop sophistiquées.
Ça c'est mon côté un peu perfectionniste, je me laisse prendre
par des détails, je veux trop raffiner sur la forme et c'est au détriment
du fond. Ou du moins c'est du temps pris qui pourrait être consacré
à d'autres choses plus riches, plus créatives. Enfin, j'ai presque
terminé la présentation de mon texte, il ne me reste quelques pages
conclusives à écrire.
Constance est de retour ce matin. Il
fait clair, doux. Nous allons déjeuner tout à l'heure chez notre
professeur de yoga qui nous a invité chez lui avec quelques autres participants
à ses cours. Peut-être même irons nous en vélo si le
temps semble vouloir se maintenir. Puis nous avons prévu d'aller voir une
expo.
Un week-end efficace, paisible et serein
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