LES ÉCHOS DE VALCLAIR

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MOIS d'AOUT 2004 (2°quinzaine)

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19/08/04 : Bonheur et réminiscences :

Objectivement une très bonne journée, dans ma tête une excellente journée…

Arrivée hier par très beau temps, après un voyage sur des routes qui nous sont moins familières donc moins fastidieuses, dans un petit camping tranquille de la haute vallée ; plaisir intense après la chaleur du voyage de se délasser dans une piscine minuscule mais avec au-dessus de soi le vert intense des prairies d’altitude, le noir des forêts, la découpe des crêtes ; ce matin départ tôt puisque l’orage était annoncé, nous grimpons vers un sommet directement au-dessus du camping, bonheur des couleurs et des odeurs qui ne sont pas du tout celles du bord de mer, magie du paysage qui change si vite, à mesure que l’on s’élève, à chaque lacet du chemin, les perspectives qui s’ouvrent, les sommets plus nombreux qui apparaissent ; sur la crête, bonheur de la marche au bord du ciel, avec d’un côté la vallée de l’Isère, la Chartreuse, Grenoble, au-delà le Vercors, de l’autre les sommets découpés de Belledonne ; persistance du beau temps, les nuages s’accrochent aux sommets les plus hauts mais tardent à s’épaissir, nous en profitons pour paresser sur la crête puis pour traîner dans la descente, long arrêt à l’entrée de la forêt, on se repaît de myrtilles...

L’orage est venu en effet mais à la nuit et alors que nous étions occupés à déguster des truites dans une auberge du fond de vallée, bien à l’abri. Nous sommes dans la tente maintenant, j’écris sur mon petit cahier, à la lumière étroite de la lampe de poche, le tonnerre gronde et la pluie tambourine avec violence sur notre toit fragile mais, je ne sais pourquoi, j’ai l’impression que cette fureur même des éléments dehors, rajoute à mon bonheur dans mon petit havre de toile.

Nous n’étions pas venu en montagne en été depuis trois ans. Si beaucoup de mes vacances d’enfance ont été à la mer, quasiment toutes mes vacances de jeunesse ont été à la montagne. Elles me manquaient sans doute.

Car je me suis senti heureux sans réserve pendant toute cette journée. Et ce qui a décuplé mon bonheur c’était de m’apercevoir que je pouvais encore être ainsi, pleinement dans mon présent, sans questions oiseuses ni interrogations malsaines, ce dont je m’étais pris à douter pendant mes vacances en Bretagne. Cela me confirme que mon trop fréquent mal-être de cet été était bien lié aussi à une erreur de casting (non, je n’ai pas la naïveté de croire qu’il n’était lié qu’à ça !). Mais en tout cas je me sens rassuré sur ma capacité à pouvoir vivre encore des moments de pur et simple enthousiasme.

Mon bonheur s’est enrichi aussi de réminiscences passées. De la crête, j’ai réalisé en parcourant la carte, que nous étions venus dans un des petits villages à nos pieds, une semaine en hiver, il y a des années, lorsque nous pratiquions le ski de randonnée, je n’avais pas fait le lien jusque là. Et puis, surtout, reconnaissant en face la Dent de Crolles, m’est revenu un souvenir encore bien plus ancien, du temps où je vivais à Lyon, cela avait été un week-end improvisé dans la petite maison des parents de mon ami D. à St Pierre de Chartreuse, il y avait la très jolie I. dont je rêvais qu’elle vienne dans mon lit à l’occasion de cette escapade, mais I. avait flirté avec D. et non avec moi, après une longue soirée plutôt arrosée nous étions partis tous les trois sans nous être couchés et avions grimpé à la lueur de la frontale vers la Dent de Crolles, je me souviens de notre marche, comme des zombies, sur le chemin escarpé, de D. et I. embrassés et moi à la traîne, le cœur en charpie, je me souviens, là-haut, comme nous arrivions, du soleil surgissant derrière Belledonne, de la splendeur du paysage qu’il me semble revoir encore aujourd'hui avec une stupéfiante précision, je me souviens de la douleur de ma déception amoureuse, une douleur déchirante et en même temps douce, tempérée par notre communion partagée face à la beauté du monde...

Il n’y a aucune trace matérielle de ce moment, aucune photo, j’ai perdu D. et I. de vue depuis belle lurette mais le moment est encore là, bien plus fort que tant d’autres revus en regardant des films, en feuilletant des albums. Peut-être magnifié dans le souvenir. Dans le souvenir ce sont la beauté, la douceur, la communion qui l’emportent, sur le moment, je crois bien que c’était la douleur de l’amoureux transi.

La réminiscence aujourd'hui en tout cas n’est pas triste. Elle ne trouble pas mon présent, ne le plombe pas de nostalgie, elle l’enrichit au contraire, lui donne une épaisseur qui l’approfondit.

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24/08/04 : Réunion de famille :

Cette fois, c’est le retour, le vrai.

Demain, je reprends l’turbin. Qui n’en est guère un. C’est un turbin d’aujourd'hui. Sans douleur et sans sueur. Juste plein de contraintes où je ne suis pas tout à fait moi. Juste un peu trop fade. Enfin, je n’y suis pas tout à fait encore, ce n’est que demain, quoique j’ai passé pas mal de temps ce matin dans divers dossiers et documents pour me préparer.

Notre séjour à la montagne a été excellent jusqu’à la fin, même s’il a complètement changé de caractère puisque nous avons terminé avec la grande réunion de famille prévue ici de longue date, dans un centre de vacances désaffecté. Nous étions un peu moins de cent, il y a eu promenades, animations, jeux collectifs, chansons, exposition de photos et de documents de famille, messe évidemment le dimanche matin au village proche mais j’ai été surpris que finalement, à part dans la génération au-dessus de la notre, assez peu de gens s’y soient rendus, préférant la communion dans la nature à la communion dans l’église. L’ambiance était décontractée, pas du tout guindée, déterminée par le lieu évidemment et par la personnalité des organisateurs. Je m’y suis senti bien, quoique connaissant assez peu de monde, puisqu’il s’agissait bien évidemment de la famille du côté de Constance. Ce n’est pas chez moi, dans notre famille étriquée, bourrée d’enfants uniques sur plusieurs générations que ce genre de rassemblement aurait été possible. Bien sûr il y a des raideurs, des idées et des positions que je ne partage pas dans ces vastes familles catholiques très bourgeoises et très pratiquantes de l’ouest parisien dont est issue Constance. Mais, outre qu’au niveau de notre génération, une diversification est évidemment intervenue, il y a quand même il me semble dans les valeurs qui ont fondés ces familles des éléments positifs que n’avaient pas forcément les petits bourgeois plus ou moins éclairés, soit disant si ouverts et ayant le cœur à gauche mais souvent matérialistes et blasés, enfants d’instits laïques d’un côté, de petits bourgeois ruraux âpres au gain de l’autre et dont je suis moi issu. Indépendamment des valeurs, il y a surtout, grâce à ces cousinages à rallonge, grâce aux vacances partagées dans les grandes maisons de famille désormais vendues, bien des apprentissages et des découvertes qui se sont faites entre soi, bien des souvenirs qui se sont conservés et qui éclairent manifestement de telles retrouvailles. Je suis toujours stupéfait par les comptes mirifiques faits et refaits dans ce genre d’assemblée, les 37 cousins germains, du seul côté de son père, au niveau de la génération de Constance, les plus de 100 cousins issus de germains au niveau de celle de Taupin et Bilbo...

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28/08/04 : Trouver le rythme :

Pas très envie d’écrire. Ou envie d’écrire mais encore une fois je m’en sens éloigné par le sentiment d’être un peu submergé...

Beaucoup de travail au boulot. C’est normal au retour, c’est toujours comme ça. Mais outre le temps objectif que cela me prend il y a aussi cet envahissement que cela représente, il me prend la tête comme on dit, il me pompe en dehors des moments ou il m’occupe effectivement, voilà bien une chose dont je voudrais me dégager, pouvoir faire rideau, vraiment, une fois que je suis sorti, mais j’ai toujours beaucoup de mal, surtout dans ces premiers jours très intenses où il y a beaucoup de choses à organiser, à penser, à planifier et qui me poursuivent absurdement parfois jusque dans la nuit.

Mille choses à organiser à la maison aussi. Préparer le départ de Taupin, la rentrée de Bilbo, faire des achats, faire divers menus travaux qui traînent depuis avant les vacances, voir des gens de passage à Paris… M’occuper aussi de mes photos de l’été, j’y ai passé la matinée aujourd'hui, expérimentant des retouches, préparant les tirages…

J’ai des envies de ciné aussi, envie de commencer mon rattrapage d’été. Après presque un mois et demi éloigné de la ville ça me manque. Cet après-midi on a été voir « Just a kiss » de Ken Loach. Il a déjà fait mieux, ce film là est intéressant, sympathique et généreux comme toujours mais un peu trop prévisible, l’idylle un peu trop belle et le happy end pas très convaincant. Mais bon moment et moment magique surtout en sortant, l’esplanade du MK2 au pied des tours de la Grande Bibliothèque est décidément un lieu que j’adore pour y voir les ciels de Paris, or justement au moment même où nous sortions le ciel était extraordinaire, averse violente, étincellement de soleil entre les gouttes, chaos de nuages aux formes et aux couleurs improbables se reflétant sur les tours, arc en ciel magnifique vers la Seine, précipitation des promeneurs sous la pluie, rires, tenues légères collant aux corps des jeunes filles… Images superbes, dommage, je n’ai pas encore le réflexe d’avoir toujours avec moi mon petit appareil numérique…

Je n’ai pas eu le temps jusque là de beaucoup plonger dans la planète diariste. Mais j’en ai envie aussi. Et de m’y impliquer, et d’y développer des relations. Et envie encore de repenser et de travailler à mon projet de l’an dernier encore que je ne sais pas trop par quel bout le prendre mais je ne me bouscule pas.

Il s’agit de trouver le bon rythme dans tout ça. Je démarre l’année il me semble avec assez d’énergie et sans trop d’a-prioris ou de résolutions. J’ai des envies plutôt que des projets trop construits qui souvent m’ont mené dans le mur. Des choses se feront, d’autres pas. On verra. Je laisse venir. Décidément ces quelques jours à la montagne m’ont fait beaucoup de bien...

 

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