01/12/04 : Découverte
:
Cela peut paraître étonnant pour un
dévoreur de mots tels que je le suis mais malgré ma
déjà longue vie de lecteur je n’avais à
ce jour pas lu une seule ligne de Borges ! Je viens d’avaler
« Fictions » avec délectation.
J’aime beaucoup ces textes, nourris par une
imagination puissante et une vaste culture, nourris de paradoxes logiques
et métaphysiques parfois vertigineux avec lesquels Borges se
délecte à jouer, portés par une écriture
précise, singeant avec humour le style savant bourré
de références tantôt sérieuses, tantôt
fantasques, s’amusant à donner cohérence et crédibilité
aux conjectures les plus hardies et les plus improbables. Borges s’amuse
à jouer d’un idéalisme absolu à la Berkeley,
la matière et le monde devenant sous sa plume le produit de
l’activité mentale, pensée ou rêve : «
le dessein qui le guidait n’était pas impossible quoique
surnaturel : il voulait rêver un homme : il voulait le rêver
avec une intégrité minutieuse et l’imposer à
la réalité. » Folio p 56. Trois nouvelles m’ont
paru particulièrement excellentes « Tlon Ukbar Orbis
Tertius » qui ouvre le volume, « Les ruines circulaires
» et « La bibliothèque de Babel » («
L’univers, que d’autres appellent la Bibliothèque…
»).
Je réalise l’influence de ces textes
sur bien des auteurs. A lire « la bibliothèque de Babel
» j’ai évidemment pensé à celle du
« Nom de la Rose », à celle en tout cas qu’Annaud
donne à voir dans le film. Et ce n’est qu’aujourd'hui,
oh ignare que je suis, que je comprends la référence
qui court tout au long du «
Terra Nostra » de Sacha. J’avais pas mal lu cette
diariste à un certain moment, tentant d’y démêler
le réel de l’inventé puis m’en était
lassé, j’ai envie d’y remettre le nez à
la lumière maintenant de cette si évidente référence.
J’aime cette idée de la puissance démiurgique
de l’écrivain et je suis admiratif de ceux qui parviennent
en effet à créer des mondes de toutes pièces.
Dans « le Seigneur des Anneaux » plus même que de
la succession échevelée des aventures des héros
(que d’ailleurs je n’ai pas lus en entier, loin s’en
faut) je m’étais régalé des appendices,
de cette construction fabuleuse d’une histoire, d’une
chronologie, d’une géographie, d’une philologie
même avec l’invention d’une langue et de ses règles
par Tolkien: réalisation hallucinante, similaire à cette
gigantesque encyclopédie de Tlon que rêve Borges. A ma
toute petite, petite échelle je suis content quand je parviens
à réaliser un texte de fiction, à inventer quelquechose
qui ait apparence de réalité tout en étant loin
de la réalité, j’aime à sentir en moi une
petite petite part divine (sourire évidemment !), à
n’être pas seulement dans la délicate et trop souvent
spécieuse observation de mon nombril. (Récemment Eva
parlait aussi de cela, lisez son «texte de la pochette rouge
»).
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04/12/04 : Une jeunesse
d’aujourd'hui :
Tiens, je suis bien content de cette victoire du
oui au PS. Je ne sais pas ce que je pense du traité constitutionnel,
je ne l’ai pas lu, mais je ressentais cette alliance improbable
entre Fabius et les autres comme profondément artificielle,
issue, pour Fabius en tout cas, de considérations tactiques
plus que stratégiques. Je ne vois pas ce qui aurait pu se construire
là-dessus pour la suite. J’imagine que c’est ce
sentiment si le non l’emportait d’aller dans un mur qu’ont
ressenti bien des membres du PS au moment du vote et qui explique
l’ampleur de la victoire du oui. Certains ont dû basculer
vers le oui même s’ils ne pensaient pas que le traité
en lui-même puisse représenter un quelconque progrès.
Pour ma part, plus largement, je ne crois pas qu’on jugulera
les effets pervers de la mondialisation libérale par une opposition
frontale à contre-courant mais plutôt en essayant de
peser de l’intérieur, en marchant avec le mouvement.
Peut-être que rien ne résistera à la world company,
que le volontarisme politique quel qu’il soit pèsera
peu mais enfin quoi qu’il soit, s’il y a une capacité
à peser ce n’est pas en prenant des positions passéistes,
rétrogrades que l’on y parviendra.
Hier nos deux tourtereaux centraliens ont débarqué
à la maison. Cela faisait un moment finalement que Taupin n’était
pas venu ici, entre les week-end pris par les activités d’école
et ceux qu’il passe en province au domicile des parents de sa
copine. Cela faisait plaisir, contrepartie de son départ de
la maison, sa venue plus rare est chaque fois une petite fête,
j’ai été chercher un gros rosbif chez le boucher
et j’ai sorti une bonne bouteille.
Il est arrivé plutôt sapé, sans
cravate certes mais pantalon noir, chemise blanche et veste de costume,
il arrivait d’aller négocier un contrat publicitaire
avec une entreprise pour le Gala des élèves de son école
au printemps. Il apprend à travers les activités associatives
son boulot polyvalent de futur cadre d’entreprise et pas seulement
son boulot d’ingénieur. Apparemment il se délecte
de cet aspect et rentre tout à fait dans le moule sans les
considérations idéologiques que nous pouvions avoir.
Je me revois à son âge. Tout cela m’aurait paru
inconcevable, dignes de fieffés réactionnaires, de ces
types qui osaient choisir les écoles de commerce plutôt
que l’histoire ou la socio. Il m’eut paru inconvenant
de chercher à m’habiller, de me mettre dans le moule
des vieux et des bourgeois, je ne cultivais même pas de look
quel qu’il soit, cela me paraissait d’une futilité
indigne d’un révolutionnaire.
Parfois je me dis que Taupin manque de révolte
et de rage, qu’il est trop conforme à ce qu’on
attend de lui, si l’on est ainsi à vingt ans comment
sera-t-on à quarante. Il est vaguement PS, d’un PS du
oui et du consensus, il trouve que les altermondialistes manquent
de sérieux et, bien que sensible aux préoccupations
environnementales, il n’aime pas trop les écolos à
cause de leur hostilité au nucléaire qui lui parait
rétrograde et antiscientifique. Qu’un type chenu comme
moi pense à peu près comme ça d’accord,
mais un jeune est-ce qu’il ne lui faudrait pas un peu plus de
radicalité ? Moyennant quoi il est engagé dans ingénieurs
sans frontières, il prépare pour cet été
un projet humanitaire à Madagascar auquel il se donne avec
énergie et enthousiasme. Il va faire quelquechose. Qu’avons-nous
faits au temps de nos engagements extrêmes ?
Et je me dis finalement qu’il aura moins que
moi sans doute ce parcours clivé entre moment du refus et moment
de l’abandon et du fatalisme, il se prépare une ligne
de vie plus cohérente que celle que j’ai connu comme
bien des gens de ma génération (et pour certains avec
un détestable cynisme en plus), moins piégée
par les faux-semblants, les illusions sur l’histoire et surtout
sur soi-même.
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07/12/04 : "Une
vie française" :
J’ai commencé ce week-end et lu presque
d’une traite « Une vie française » de J.
P. Dubois. J’ai beaucoup aimé. On commence le livre et
on ne le lâche plus. Cela va même un peu trop vite. Une
heure de lecture, un chapitre et voilà plusieurs années
passées. Un jeune homme et puis la soirée passée,
un homme mur qui veille sa vieille mère mourante. Ce sentiment
de précipitation du temps que j’ai dans ma propre vie,
cette impression des années passées qui se rétractent,
les voilà encore accentués par la lecture du livre.
Diable comme on est vite au dernier chapitre !
C’est un homme de ma génération
a peu d’années près et son récit traverse
un temps et des évènements que j’ai traversé
à peu près aux mêmes âges. J’aime
bien cette construction qui met en parallèle vie personnelle
et vie politique de la France. J’y retrouve certaines de mes
propres réactions et évolutions. Pas toutes évidemment.
Son refus du jeu politique classique est bien plus radical, son absence
au monde social plus extrême que ce que j’ai jamais connu
mais n’empêche je me retrouve un peu dans cette position
de retrait et de désillusion. J’aime bien cette phrase
par exemple et je crois qu’elle s’applique à plus
d’un : « Quand je pensais à la manière dont
nous avions vécu, j’éprouvais cet indéfinissable
sentiment nauséeux qui accompagne les trahisons secrètes.
… Pourtant je n’avais à rougir de rien. …
J’avais désormais rejoint une autre catégorie
d’humains de plus ou moins bonne volonté, ces types qui
ne valent peut-être pas grand-chose, qui ne croient en rien,
mais qui cependant, tous les matins se lèvent. » (p 170)
Ça m’est arrivé à moi
parfois de me réveiller en me disant non pas « est-ce
que je me lève ? », car je me lève toujours, je
ne suis jamais tombé dans la dépression véritable,
mais « comment ça se fait que je me lève ?, qu’est
ce qui au fond m’y pousse ? » et de me lever en effet
mais sans réponse.
J’aime bien certaines pages sur les rapports
au sein des couples vieillissants, il y a des passages qui font tilt
: sur la désillusion de l’amour (p 212), sur le démon
de midi qui saisit un personnage qui paraissait éteint (p 265),
sur la tentative de réinsérer du présent dans
une relation assoupie (« Anna voulait un simple morceau de présent,
elle voulait que nous survivions »(p 290)). Et elle est jolie
cette formule : «... un retraité d’on ne sait quelle
branche errant comme une âme en peine dans le couloir des heures
» (p 291).
Et j’aime aussi les pages où il parle
de ses morts et du vécu de ses deuils, son frère d’abord
dès les premières pages, une figure tutélaire
qui l’accompagnera toujours, son père (p 171), sa femme
(p 299), sa mère (p 329), et d’une certaine façon
sa fille (« perdre un enfant, ne serait-ce que par fragments
est une ordalie » (p 335). Pas drôle tout ça !
Je me demande quelle est la part autobiographique
dans ce bouquin. Je pense qu’elle est importante même
si l’auteur jouit aujourd'hui d’un succès et d’une
reconnaissance sociale très éloignée des calamités
que décrit la fin du livre. Il y a sans doute dans son vécu
profond au-delà des différences de fait, des parentés
entre lui-même et son personnage. En tout cas je le ressens
comme tel et lui-même, il me semble, induit cette piste.
La fin est dure. Très. Indépendamment
des faits particulièrement douloureux racontés, il y
a dans cette sorte de mélancolie, d’atténuation
triste des sentiments et des émotions que connaît le
narrateur (ce n’est pas, pas du tout, de la sérénité),
un mal largement partagé face à la restriction des espérances,
face au vieillissement, face à la perte des êtres qui
nous précèdent.
J’avais lu déjà de JP Dubois
« Si ce livre pouvait me rapprocher de toi ». Il m’avait
beaucoup plus, plus même que celui-ci je crois, peut-être
parce que la fin en était plus ouverte, moins désespérée
et que le long parcours initiatique du narrateur s’ouvrait sur
un futur. J’ai recherché dans mes paperasses ce que j’en
écrivais alors, c’était du temps de mon journal
papier. J’ai retrouvé cette citation qui clôt le
livre : « J’avais confusément réalisé
le rêve de tout homme : traverser la forêt de ses peurs
pour accéder à ces émotions secrètes,
ces infimes parcelles de bonheur qui sont en nous, tapies dans un
endroit que nous ignorons et que, souvent, nous recherchons pendant
toute une vie. » Tiens, ça me sert finalement ces «
bonnes feuilles » et ces références que je prends
le temps de noter. Et là, en plus, ça me donne envie
d’aller relire ce bouquin.
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10/12/04 : Voyage non-voyage
:
On s’est décidé vite. Quelques
clics sur internet, on a fait défiler des hôtels clubs
tous un peu pareils, au bord de plages de même style, dans des
pays un peu méridionaux mais pas trop loin quand même
pour rester à la portée de notre bourse et voilà
c’est fait, on file tous les quatre sur le bord de la belle
bleue pendant une semaine durant les congés de Noël.
C’est venu comme ça. On avait tous
envie de partir. Envie de se faire une parenthèse de douceur
au milieu de l’hiver, envie de sortir de la ville et de la grisaille,
envie aussi, pour moi en tout cas, de zapper la soirée de Noël
où l’on se retrouve à trente dans une ambiance
de frénésie consommatrice qui me pèse. En plus
il y avait l’opportunité qui n’est plus si courante
que nous partions ensemble quelques jours. Alors on a cherché
un lieu de consensus. Constance et moi on serait bien parti marcher
dans le désert ou en exploration itinérante, les garçons
eux auraient volontiers été skier ou alors au bord de
la mer, dans un endroit cool, où on se la coule douce, sans
obligation de crapahuter.
Alors voilà, c’est Djerba, on va se
retrouver dans un de ces temples du tourisme de masse, où convergent
les charters de toute l’Europe, avec quelques milliers d’autres
dans notre petite enclave loin, très loin sans doute d’un
pays dont on ne verra pas grand chose, auprès d’une population
qu’évidemment on ne rencontrera pas vraiment dans de
telles conditions.
Je n’ai jamais pratiqué ce genre d’endroit
et ce type de vacances. J’appréhende un petit peu. Les
hôtels à perte de vue le long de la plage, les boutiques
couleur locale dans les bourgs à proximité envahis par
la foule des touristes, les chambres aux normes occidentales, toutes
semblables, les buffets internationaux et les animations auxquelles
certes on n’aura pas l’obligation de participer mais dont
la seule évocation à tendance à me faire frémir.
Je ne peux m’empêcher d’avoir en tête quelques
caricatures acides des bronzés. Cela dit je n’ai pas
à me la jouer méprisante, après tout je suis
exactement un touriste comme tous ceux-là, venant de mon pays
riche, content de me faire servir et de profiter des bas salaires
de l’endroit, contribuant à l’acculturation du
pays mais aussi malgré tout à son développement
même si ce n’est pas de la meilleure façon.
Enfin on verra, nous voici embarqués. On
peut sûrement passer un moment agréable, le tout est
de ne pas attendre ce que l’on ne trouvera pas dans ce genre
de voyage.
Disons plutôt que nous ne partons pas vraiment
en voyage, nous allons dans une petite bulle qu’on espère
seulement soleilleuse, reposante, permettant de faire un break dont
on a tous besoin. Et puis quand même, rien ne nous empêche
de nous éloigner en louant des vélos ou une bagnole,
l’expérience m’a souvent prouvé qu’à
quelques kilomètres des hautes concentrations touristiques
on trouvait des endroits à peu près paisibles et sinon
authentiques, du moins à peu près préservés.…
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12/12/04: Palmarès
:
Je me suis amusé à tenter de répondre
au questionnaire de Télérama pour déterminer
les 10 films de l’année 2004 préférés
des spectateurs. J’ai commencé à gribouiller des
noms puis je me suis pris au jeu et j’y ai passé une
bonne partie de l’après-midi, pesant et repesant, tentant
de faire revenir images et impressions au sortir des projections.
Impossible palmarès à priori ! Comment
comparer et classer des films qui n’ont strictement rien à
voir ? Quels critères se donner ? Comment ne pas accorder une
place disproportionnée aux films vus les plus récemment
? Comment aussi de décentrer de l’état plus ou
moins réceptif dans lequel on est au moment de voir le film,
pour certains on sent qu’on les aurait perçus de façon
plus favorable en les voyant dans des conditions différentes
?
Dans la liste proposée j’ai vu une quarantaine de films.
Et j’en ai vu quelques autres que Télérama ne
juge sans doute pas suffisamment importants pour mériter d'y
figurer. Pour commencer j’ai essayé de faire des catégories,
des listes :
Il pourrait y avoir celle des films très
intéressants par leur contenu mais qui cinématographiquement
n’ont rien d’exceptionnel, là dedans je mettrais
par exemple « Mondovino », « Salvador Allende »
et « Farenheit 9/11 ». Ce dernier film évidemment
il fallait le faire, c’était un élément
de salubrité publique, Cannes l’a distingué, peut-être
était-ce bien du point de vue de la reconnaissance et du combat
politique contre Bush (encore que, la Palme n’a apparemment
pesé de rien au moment décisif !) mais d’un point
de vue cinématographique je trouve que ça ne se justifie
pas.
Et puis il y a la catégorie des films plaisirs
de l’instant, bien construits, bien joués, mais qui ne
me marquent pas longuement une fois que je les ai vus. Je ne méprise
pas du tout ce genre de films. Je mettrais là dedans par exemple
« Nathalie », « Le rôle de sa vie »,
« Comme une image », « Confidences trop intimes
», « Vénus et Fleur », « Un long dimanche
de fiançailles »… Ou « La demoiselle d’honneur
», j’ai bien aimé ce dernier Chabrol, plus que
beaucoup d’autres. Ou encore « L’équipier
» que j’ai vu hier et qui vaut sûrement mieux que
le bof dont le gratifie la critique intello. Et puis le meilleur dans
cette catégorie « Ladykillers », un vrai délice…
Il y a les films qui m’ont déçus,
ils ne sont pas si nombreux. Dans certains, qui ont des qualités
pourtant je me suis copieusement ennuyé et ça c’est
rédhibitoire (il y a quelques asiatiques dans le lot, par exemple
« La femme est l’avenir de l’homme », ou «
Turning Gate », dont la critique a dit grand bien, ou encore
« Samaria »). Il y a « Demain on déménage
» qui ni ne m’a fait rire, ni ne m’a touché.
Il y a « Arsène Lupin » auquel je n’ai pas
du tout adhéré malgré l’envie que j’en
avais. Il y a « La confiance règne », lourd et
vulgaire. Mais il y a aussi de bons films mais tellement valorisés
par la critique que l’on en sort déçu et là
je pense à « Clean ».
Alors quels sont les films que je retiendrai finalement
? Il me semble qu’il faut qu’ils associent un sujet qui
m’intéresse, un langage cinématographique personnel
et qui colle à ce qu’il veut faire passer, des acteurs
très présents, évidents, c'est-à-dire
se coulant vraiment dans leur personnage, faisant qu’on y croit.
Il faut que le film crée de l’émotion en moi et
surtout qu’il laisse une trace qui perdure. Ce dernier point
est important, ce n’est pas seulement l’impression à
la sortie qui compte, certains films s’effacent très
rapidement, d’autres au contraire cheminent en nous, on y repense,
on oublie les détails bien sûr ou même le récit
mais une impression reste, une sorte d’aura.
Allez, allons-y pour ceux-là, ce seront ceux
de ma liste : « Eternal sunshine… », « Lost
in translation », « Les brodeuses », « 2046
», « Le fils d’Elias », « Shara »
pour sa fin sublime, « Exils », (là au contraire
malgré sa fin, vraiment trop longue), « Land of plenty
», « Just a kiss », « Ladykillers ».
Je suis déjà à dix, ça va vite ! Je ne
suis pas très sûr de l’ordre, là c’est
vraiment impossible mais enfin c’est tout de même une
liste qui se veut ordonnée.
Je suis bon public. J’en rajouterais donc bien quelques uns.
Allons-y : « Carnets de voyage », « Vodka lemon
», « La vie est un miracle », « Mon père
est ingénieur », « L’esquive », «
Nina santa », « La mauvaise éducation »,
« Buongiorno notte » « Triple agent », «
Holy Lola », « Viva Laldjérie », «
Printemps, été, automne… ». Et aussi tout
de même là-dedans « Clean », « Mondovino
» et « Farhenheit 9/11 ». Et puis « Salvador
Allende » pour des raisons très privées …
Et comme tant que j’y suis je veux faire le
tour de tous les films que j’ai vu cette année, sauf
oubli, je rajouterai ceux-là, que j’ai aimé, un
peu, sans plus : « 5 fois 2 », « 21 grammes »,
« Ma mère », « Tarnation », et puis
aujourd'hui même « A tout de suite »…
Oui j’ai fait le tour car, figurez-vous, je
n’ai pas vu « Les choristes » malgré la popularité
généralisée de ce film !
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14/12/04 : Opportunité
manquée:
La semaine dernière j’ai vu passer
dans les documents officiels un poste possible pour moi, là-
bas, loin dans le sud, à proximité de la petite ville
où se trouve la maison de mes grands parents que nous avons
gardé dans la famille depuis leur décès. C’est
une maison où nous allons en vacances de temps en temps, soit
moi, soit ma sœur, soit mon père. Nous n’y allons
pas souvent, car nous sommes tous loin, en région parisienne,
pas question par exemple d’y descendre pour un simple week-end.
Papa se sent définitivement parisien et n’a pas spécialement
envie de retrouver la région de son enfance. C’est moi
plutôt qui caresse depuis longtemps l’idée de m’installer
un jour dans cette belle maison et de la faire revivre. C’est
moi qui ai poussé à ce qu’on la garde plutôt
que de la vendre comme on l’avait envisagé un moment.
Il y a deux ans déjà j’aurais eu la possibilité
d’avoir un poste à Toulouse ce qui m’en aurait
considérablement rapproché et cette année le
poste disponible était encore plus près.
Seulement voilà, je suis un éternel
indécis et les modes du gestion du personnel dans cette chère
administration sont tels qu’au mois de décembre on est
informé des possibilités et l’on doit postuler
dans les jours qui suivent pour une nomination éventuelle à
la rentrée scolaire prochaine. Ça ne me va pas du tout
ce genre de processus ! Je suis incapable de me décider si
vite, je ne me vois pas réorganiser tous nos modes de fonctionnement
familiaux précipitamment, je ne me vois pas partir un an en
avant-garde en laissant femme et fils derrière moi pour une
année. Je me dis qu’il faut attendre un peu plus, que
le second ait passé son bac, que çi, que ça,
bref je me trouve tous les prétextes pour ne pas me décider
à un saut dans la nouveauté, dans l’inconnu (tout
relatif !) et je reste un an de plus, deux ans de plus, cinq ans de
plus dans le poste où je ronronne actuellement et dans lequel
je vais finir par m’encroûter lentement, jusqu’à
la retraite qui sait !
Donc j’ai laissé passer une fois de
plus. Je ne sais pas si je regrette. Je ne suis pas très clair
dans mes envies, j’aime Paris aussi, j’ai toujours vécu
en ville, comment réagirais-je en me retrouvant dans une bourgade
de campagne. Et puis je suis le seul à porter vraiment ce projet.
Les garçons y sont totalement hostiles, enfin désormais
Bilbo seulement, Taupin n’est plus concerné. Et Constance
ne sait pas trop, elle suit mais sans conviction, elle, elle se verrait
plutôt en Bretagne.
Mais oui je regrette. Car quand je reprends ma réflexion
tranquillement, argument par argument, je me dis que vraiment oui
j’aimerais aller m’installer là-bas, tenter d’y
faire mon trou, faire revivre la maison, être plus près
quotidiennement de la nature sans être trop loin de Toulouse,
grande ville de province active et vivante et que j’aime beaucoup,
où j’ai habité une année d’ailleurs
quand j’étais étudiant. Mes lectures diaristes
même y contribuent. Ce n’est pas un hasard si je lis de
près Samantdi et
Eclatdusoleil, je trouve
chez elles un petit accent de là-bas qui réactive mes
envies. Mes objections en fait ne sont pas sur le fond, sur le but
final, plus exactement les objections sur le fond que je me donne
n’en sont pas vraiment, elles sont là comme prétexte,
pour m’aider à faire passer la pilule de mon irrésolution.
Les vraies raisons ce sont la peur, la difficulté à
rompre mes habitudes, ma difficulté à me lancer. La
phase de transition, de réadaptation me fait peur et ça
c’est beaucoup moins glorieux. Je retrouve toutes mes lenteurs,
toutes mes peurs. Lenteurs, oui, alors qu’il fallait aller vite.
Je n’ai pas été vite. Bon, c’est passé,
pensons à autre chose, on verra plus tard, regretter ne sert
à rien…
D'abord j'avais mis un point d'interrogation au titre
de cette entrée. Et puis je l'ai enlevé!
Hier et ce matin encore le temps était glacial
et couvert. Les bagnoles crachaient leurs mauvais gaz et ça
puait. C’est là que ça m’est revenu le regret
! En rejoignant mon bureau, j’ai pensé à ce que
ce serait de démarrer le matin en voiture, d’aller et
venir par les petites routes au milieu des collines, de voir le jour
se lever sur la campagne. Je pensais au brouillard, à la pluie
mais c’est beau le brouillard quand il se déchire, la
pluie qui bat la campagne, ce peut être beau, et les odeurs
d’humus mouillé, et le vent dans les arbres, et l’odeur
du feu dans la cheminée quand on rentre…
Je me la joue bucolique ! Vision idéalisée.
Sûrement. Mais c’est à ça que je pensais
ce matin, ce sont ces envies que j’avais, en avançant
emmitouflé dans mon manteau sous la chape grise du brouillard
et dans les odeurs des fumées.
Et ce midi ça s’est levé. Soleil
clair, beau temps froid, j’imagine mes collines, là-bas,
le soleil doré sur la brique, la vue qui porte loin, les Pyrénées
enneigées au loin qu’on ne voit jamais l’été
à cause de la brume…
Je voudrais avoir des ailes !