LES ÉCHOS DE VALCLAIR

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MOIS de DECEMBRE 2004 (1°quinzaine)

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01/12/04 : Découverte :

Cela peut paraître étonnant pour un dévoreur de mots tels que je le suis mais malgré ma déjà longue vie de lecteur je n’avais à ce jour pas lu une seule ligne de Borges ! Je viens d’avaler « Fictions » avec délectation.

J’aime beaucoup ces textes, nourris par une imagination puissante et une vaste culture, nourris de paradoxes logiques et métaphysiques parfois vertigineux avec lesquels Borges se délecte à jouer, portés par une écriture précise, singeant avec humour le style savant bourré de références tantôt sérieuses, tantôt fantasques, s’amusant à donner cohérence et crédibilité aux conjectures les plus hardies et les plus improbables. Borges s’amuse à jouer d’un idéalisme absolu à la Berkeley, la matière et le monde devenant sous sa plume le produit de l’activité mentale, pensée ou rêve : « le dessein qui le guidait n’était pas impossible quoique surnaturel : il voulait rêver un homme : il voulait le rêver avec une intégrité minutieuse et l’imposer à la réalité. » Folio p 56. Trois nouvelles m’ont paru particulièrement excellentes « Tlon Ukbar Orbis Tertius » qui ouvre le volume, « Les ruines circulaires » et « La bibliothèque de Babel » (« L’univers, que d’autres appellent la Bibliothèque… »).

Je réalise l’influence de ces textes sur bien des auteurs. A lire « la bibliothèque de Babel » j’ai évidemment pensé à celle du « Nom de la Rose », à celle en tout cas qu’Annaud donne à voir dans le film. Et ce n’est qu’aujourd'hui, oh ignare que je suis, que je comprends la référence qui court tout au long du « Terra Nostra » de Sacha. J’avais pas mal lu cette diariste à un certain moment, tentant d’y démêler le réel de l’inventé puis m’en était lassé, j’ai envie d’y remettre le nez à la lumière maintenant de cette si évidente référence.

J’aime cette idée de la puissance démiurgique de l’écrivain et je suis admiratif de ceux qui parviennent en effet à créer des mondes de toutes pièces. Dans « le Seigneur des Anneaux » plus même que de la succession échevelée des aventures des héros (que d’ailleurs je n’ai pas lus en entier, loin s’en faut) je m’étais régalé des appendices, de cette construction fabuleuse d’une histoire, d’une chronologie, d’une géographie, d’une philologie même avec l’invention d’une langue et de ses règles par Tolkien: réalisation hallucinante, similaire à cette gigantesque encyclopédie de Tlon que rêve Borges. A ma toute petite, petite échelle je suis content quand je parviens à réaliser un texte de fiction, à inventer quelquechose qui ait apparence de réalité tout en étant loin de la réalité, j’aime à sentir en moi une petite petite part divine (sourire évidemment !), à n’être pas seulement dans la délicate et trop souvent spécieuse observation de mon nombril. (Récemment Eva parlait aussi de cela, lisez son «texte de la pochette rouge »).

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04/12/04 : Une jeunesse d’aujourd'hui :

Tiens, je suis bien content de cette victoire du oui au PS. Je ne sais pas ce que je pense du traité constitutionnel, je ne l’ai pas lu, mais je ressentais cette alliance improbable entre Fabius et les autres comme profondément artificielle, issue, pour Fabius en tout cas, de considérations tactiques plus que stratégiques. Je ne vois pas ce qui aurait pu se construire là-dessus pour la suite. J’imagine que c’est ce sentiment si le non l’emportait d’aller dans un mur qu’ont ressenti bien des membres du PS au moment du vote et qui explique l’ampleur de la victoire du oui. Certains ont dû basculer vers le oui même s’ils ne pensaient pas que le traité en lui-même puisse représenter un quelconque progrès. Pour ma part, plus largement, je ne crois pas qu’on jugulera les effets pervers de la mondialisation libérale par une opposition frontale à contre-courant mais plutôt en essayant de peser de l’intérieur, en marchant avec le mouvement. Peut-être que rien ne résistera à la world company, que le volontarisme politique quel qu’il soit pèsera peu mais enfin quoi qu’il soit, s’il y a une capacité à peser ce n’est pas en prenant des positions passéistes, rétrogrades que l’on y parviendra.

Hier nos deux tourtereaux centraliens ont débarqué à la maison. Cela faisait un moment finalement que Taupin n’était pas venu ici, entre les week-end pris par les activités d’école et ceux qu’il passe en province au domicile des parents de sa copine. Cela faisait plaisir, contrepartie de son départ de la maison, sa venue plus rare est chaque fois une petite fête, j’ai été chercher un gros rosbif chez le boucher et j’ai sorti une bonne bouteille.

Il est arrivé plutôt sapé, sans cravate certes mais pantalon noir, chemise blanche et veste de costume, il arrivait d’aller négocier un contrat publicitaire avec une entreprise pour le Gala des élèves de son école au printemps. Il apprend à travers les activités associatives son boulot polyvalent de futur cadre d’entreprise et pas seulement son boulot d’ingénieur. Apparemment il se délecte de cet aspect et rentre tout à fait dans le moule sans les considérations idéologiques que nous pouvions avoir. Je me revois à son âge. Tout cela m’aurait paru inconcevable, dignes de fieffés réactionnaires, de ces types qui osaient choisir les écoles de commerce plutôt que l’histoire ou la socio. Il m’eut paru inconvenant de chercher à m’habiller, de me mettre dans le moule des vieux et des bourgeois, je ne cultivais même pas de look quel qu’il soit, cela me paraissait d’une futilité indigne d’un révolutionnaire.

Parfois je me dis que Taupin manque de révolte et de rage, qu’il est trop conforme à ce qu’on attend de lui, si l’on est ainsi à vingt ans comment sera-t-on à quarante. Il est vaguement PS, d’un PS du oui et du consensus, il trouve que les altermondialistes manquent de sérieux et, bien que sensible aux préoccupations environnementales, il n’aime pas trop les écolos à cause de leur hostilité au nucléaire qui lui parait rétrograde et antiscientifique. Qu’un type chenu comme moi pense à peu près comme ça d’accord, mais un jeune est-ce qu’il ne lui faudrait pas un peu plus de radicalité ? Moyennant quoi il est engagé dans ingénieurs sans frontières, il prépare pour cet été un projet humanitaire à Madagascar auquel il se donne avec énergie et enthousiasme. Il va faire quelquechose. Qu’avons-nous faits au temps de nos engagements extrêmes ?

Et je me dis finalement qu’il aura moins que moi sans doute ce parcours clivé entre moment du refus et moment de l’abandon et du fatalisme, il se prépare une ligne de vie plus cohérente que celle que j’ai connu comme bien des gens de ma génération (et pour certains avec un détestable cynisme en plus), moins piégée par les faux-semblants, les illusions sur l’histoire et surtout sur soi-même.

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07/12/04 : "Une vie française" :

J’ai commencé ce week-end et lu presque d’une traite « Une vie française » de J. P. Dubois. J’ai beaucoup aimé. On commence le livre et on ne le lâche plus. Cela va même un peu trop vite. Une heure de lecture, un chapitre et voilà plusieurs années passées. Un jeune homme et puis la soirée passée, un homme mur qui veille sa vieille mère mourante. Ce sentiment de précipitation du temps que j’ai dans ma propre vie, cette impression des années passées qui se rétractent, les voilà encore accentués par la lecture du livre. Diable comme on est vite au dernier chapitre !

C’est un homme de ma génération a peu d’années près et son récit traverse un temps et des évènements que j’ai traversé à peu près aux mêmes âges. J’aime bien cette construction qui met en parallèle vie personnelle et vie politique de la France. J’y retrouve certaines de mes propres réactions et évolutions. Pas toutes évidemment. Son refus du jeu politique classique est bien plus radical, son absence au monde social plus extrême que ce que j’ai jamais connu mais n’empêche je me retrouve un peu dans cette position de retrait et de désillusion. J’aime bien cette phrase par exemple et je crois qu’elle s’applique à plus d’un : « Quand je pensais à la manière dont nous avions vécu, j’éprouvais cet indéfinissable sentiment nauséeux qui accompagne les trahisons secrètes. … Pourtant je n’avais à rougir de rien. … J’avais désormais rejoint une autre catégorie d’humains de plus ou moins bonne volonté, ces types qui ne valent peut-être pas grand-chose, qui ne croient en rien, mais qui cependant, tous les matins se lèvent. » (p 170)

Ça m’est arrivé à moi parfois de me réveiller en me disant non pas « est-ce que je me lève ? », car je me lève toujours, je ne suis jamais tombé dans la dépression véritable, mais « comment ça se fait que je me lève ?, qu’est ce qui au fond m’y pousse ? » et de me lever en effet mais sans réponse.

J’aime bien certaines pages sur les rapports au sein des couples vieillissants, il y a des passages qui font tilt : sur la désillusion de l’amour (p 212), sur le démon de midi qui saisit un personnage qui paraissait éteint (p 265), sur la tentative de réinsérer du présent dans une relation assoupie (« Anna voulait un simple morceau de présent, elle voulait que nous survivions »(p 290)). Et elle est jolie cette formule : «... un retraité d’on ne sait quelle branche errant comme une âme en peine dans le couloir des heures » (p 291).

Et j’aime aussi les pages où il parle de ses morts et du vécu de ses deuils, son frère d’abord dès les premières pages, une figure tutélaire qui l’accompagnera toujours, son père (p 171), sa femme (p 299), sa mère (p 329), et d’une certaine façon sa fille (« perdre un enfant, ne serait-ce que par fragments est une ordalie » (p 335). Pas drôle tout ça !

Je me demande quelle est la part autobiographique dans ce bouquin. Je pense qu’elle est importante même si l’auteur jouit aujourd'hui d’un succès et d’une reconnaissance sociale très éloignée des calamités que décrit la fin du livre. Il y a sans doute dans son vécu profond au-delà des différences de fait, des parentés entre lui-même et son personnage. En tout cas je le ressens comme tel et lui-même, il me semble, induit cette piste.

La fin est dure. Très. Indépendamment des faits particulièrement douloureux racontés, il y a dans cette sorte de mélancolie, d’atténuation triste des sentiments et des émotions que connaît le narrateur (ce n’est pas, pas du tout, de la sérénité), un mal largement partagé face à la restriction des espérances, face au vieillissement, face à la perte des êtres qui nous précèdent.

J’avais lu déjà de JP Dubois « Si ce livre pouvait me rapprocher de toi ». Il m’avait beaucoup plus, plus même que celui-ci je crois, peut-être parce que la fin en était plus ouverte, moins désespérée et que le long parcours initiatique du narrateur s’ouvrait sur un futur. J’ai recherché dans mes paperasses ce que j’en écrivais alors, c’était du temps de mon journal papier. J’ai retrouvé cette citation qui clôt le livre : « J’avais confusément réalisé le rêve de tout homme : traverser la forêt de ses peurs pour accéder à ces émotions secrètes, ces infimes parcelles de bonheur qui sont en nous, tapies dans un endroit que nous ignorons et que, souvent, nous recherchons pendant toute une vie. » Tiens, ça me sert finalement ces « bonnes feuilles » et ces références que je prends le temps de noter. Et là, en plus, ça me donne envie d’aller relire ce bouquin.

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10/12/04 : Voyage non-voyage :

On s’est décidé vite. Quelques clics sur internet, on a fait défiler des hôtels clubs tous un peu pareils, au bord de plages de même style, dans des pays un peu méridionaux mais pas trop loin quand même pour rester à la portée de notre bourse et voilà c’est fait, on file tous les quatre sur le bord de la belle bleue pendant une semaine durant les congés de Noël.

C’est venu comme ça. On avait tous envie de partir. Envie de se faire une parenthèse de douceur au milieu de l’hiver, envie de sortir de la ville et de la grisaille, envie aussi, pour moi en tout cas, de zapper la soirée de Noël où l’on se retrouve à trente dans une ambiance de frénésie consommatrice qui me pèse. En plus il y avait l’opportunité qui n’est plus si courante que nous partions ensemble quelques jours. Alors on a cherché un lieu de consensus. Constance et moi on serait bien parti marcher dans le désert ou en exploration itinérante, les garçons eux auraient volontiers été skier ou alors au bord de la mer, dans un endroit cool, où on se la coule douce, sans obligation de crapahuter.

Alors voilà, c’est Djerba, on va se retrouver dans un de ces temples du tourisme de masse, où convergent les charters de toute l’Europe, avec quelques milliers d’autres dans notre petite enclave loin, très loin sans doute d’un pays dont on ne verra pas grand chose, auprès d’une population qu’évidemment on ne rencontrera pas vraiment dans de telles conditions.

Je n’ai jamais pratiqué ce genre d’endroit et ce type de vacances. J’appréhende un petit peu. Les hôtels à perte de vue le long de la plage, les boutiques couleur locale dans les bourgs à proximité envahis par la foule des touristes, les chambres aux normes occidentales, toutes semblables, les buffets internationaux et les animations auxquelles certes on n’aura pas l’obligation de participer mais dont la seule évocation à tendance à me faire frémir. Je ne peux m’empêcher d’avoir en tête quelques caricatures acides des bronzés. Cela dit je n’ai pas à me la jouer méprisante, après tout je suis exactement un touriste comme tous ceux-là, venant de mon pays riche, content de me faire servir et de profiter des bas salaires de l’endroit, contribuant à l’acculturation du pays mais aussi malgré tout à son développement même si ce n’est pas de la meilleure façon.

Enfin on verra, nous voici embarqués. On peut sûrement passer un moment agréable, le tout est de ne pas attendre ce que l’on ne trouvera pas dans ce genre de voyage.

Disons plutôt que nous ne partons pas vraiment en voyage, nous allons dans une petite bulle qu’on espère seulement soleilleuse, reposante, permettant de faire un break dont on a tous besoin. Et puis quand même, rien ne nous empêche de nous éloigner en louant des vélos ou une bagnole, l’expérience m’a souvent prouvé qu’à quelques kilomètres des hautes concentrations touristiques on trouvait des endroits à peu près paisibles et sinon authentiques, du moins à peu près préservés.…

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12/12/04: Palmarès :

Je me suis amusé à tenter de répondre au questionnaire de Télérama pour déterminer les 10 films de l’année 2004 préférés des spectateurs. J’ai commencé à gribouiller des noms puis je me suis pris au jeu et j’y ai passé une bonne partie de l’après-midi, pesant et repesant, tentant de faire revenir images et impressions au sortir des projections.

Impossible palmarès à priori ! Comment comparer et classer des films qui n’ont strictement rien à voir ? Quels critères se donner ? Comment ne pas accorder une place disproportionnée aux films vus les plus récemment ? Comment aussi de décentrer de l’état plus ou moins réceptif dans lequel on est au moment de voir le film, pour certains on sent qu’on les aurait perçus de façon plus favorable en les voyant dans des conditions différentes ?
Dans la liste proposée j’ai vu une quarantaine de films. Et j’en ai vu quelques autres que Télérama ne juge sans doute pas suffisamment importants pour mériter d'y figurer. Pour commencer j’ai essayé de faire des catégories, des listes :

Il pourrait y avoir celle des films très intéressants par leur contenu mais qui cinématographiquement n’ont rien d’exceptionnel, là dedans je mettrais par exemple « Mondovino », « Salvador Allende » et « Farenheit 9/11 ». Ce dernier film évidemment il fallait le faire, c’était un élément de salubrité publique, Cannes l’a distingué, peut-être était-ce bien du point de vue de la reconnaissance et du combat politique contre Bush (encore que, la Palme n’a apparemment pesé de rien au moment décisif !) mais d’un point de vue cinématographique je trouve que ça ne se justifie pas.

Et puis il y a la catégorie des films plaisirs de l’instant, bien construits, bien joués, mais qui ne me marquent pas longuement une fois que je les ai vus. Je ne méprise pas du tout ce genre de films. Je mettrais là dedans par exemple « Nathalie », « Le rôle de sa vie », « Comme une image », « Confidences trop intimes », « Vénus et Fleur », « Un long dimanche de fiançailles »… Ou « La demoiselle d’honneur », j’ai bien aimé ce dernier Chabrol, plus que beaucoup d’autres. Ou encore « L’équipier » que j’ai vu hier et qui vaut sûrement mieux que le bof dont le gratifie la critique intello. Et puis le meilleur dans cette catégorie « Ladykillers », un vrai délice…

Il y a les films qui m’ont déçus, ils ne sont pas si nombreux. Dans certains, qui ont des qualités pourtant je me suis copieusement ennuyé et ça c’est rédhibitoire (il y a quelques asiatiques dans le lot, par exemple « La femme est l’avenir de l’homme », ou « Turning Gate », dont la critique a dit grand bien, ou encore « Samaria »). Il y a « Demain on déménage » qui ni ne m’a fait rire, ni ne m’a touché. Il y a « Arsène Lupin » auquel je n’ai pas du tout adhéré malgré l’envie que j’en avais. Il y a « La confiance règne », lourd et vulgaire. Mais il y a aussi de bons films mais tellement valorisés par la critique que l’on en sort déçu et là je pense à « Clean ».

Alors quels sont les films que je retiendrai finalement ? Il me semble qu’il faut qu’ils associent un sujet qui m’intéresse, un langage cinématographique personnel et qui colle à ce qu’il veut faire passer, des acteurs très présents, évidents, c'est-à-dire se coulant vraiment dans leur personnage, faisant qu’on y croit. Il faut que le film crée de l’émotion en moi et surtout qu’il laisse une trace qui perdure. Ce dernier point est important, ce n’est pas seulement l’impression à la sortie qui compte, certains films s’effacent très rapidement, d’autres au contraire cheminent en nous, on y repense, on oublie les détails bien sûr ou même le récit mais une impression reste, une sorte d’aura.

Allez, allons-y pour ceux-là, ce seront ceux de ma liste : « Eternal sunshine… », « Lost in translation », « Les brodeuses », « 2046 », « Le fils d’Elias », « Shara » pour sa fin sublime, « Exils », (là au contraire malgré sa fin, vraiment trop longue), « Land of plenty », « Just a kiss », « Ladykillers ». Je suis déjà à dix, ça va vite ! Je ne suis pas très sûr de l’ordre, là c’est vraiment impossible mais enfin c’est tout de même une liste qui se veut ordonnée.
Je suis bon public. J’en rajouterais donc bien quelques uns. Allons-y : « Carnets de voyage », « Vodka lemon », « La vie est un miracle », « Mon père est ingénieur », « L’esquive », « Nina santa », « La mauvaise éducation », « Buongiorno notte » « Triple agent », « Holy Lola », « Viva Laldjérie », « Printemps, été, automne… ». Et aussi tout de même là-dedans « Clean », « Mondovino » et « Farhenheit 9/11 ». Et puis « Salvador Allende » pour des raisons très privées …

Et comme tant que j’y suis je veux faire le tour de tous les films que j’ai vu cette année, sauf oubli, je rajouterai ceux-là, que j’ai aimé, un peu, sans plus : « 5 fois 2 », « 21 grammes », « Ma mère », « Tarnation », et puis aujourd'hui même « A tout de suite »…

Oui j’ai fait le tour car, figurez-vous, je n’ai pas vu « Les choristes » malgré la popularité généralisée de ce film !

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14/12/04 : Opportunité manquée:

La semaine dernière j’ai vu passer dans les documents officiels un poste possible pour moi, là- bas, loin dans le sud, à proximité de la petite ville où se trouve la maison de mes grands parents que nous avons gardé dans la famille depuis leur décès. C’est une maison où nous allons en vacances de temps en temps, soit moi, soit ma sœur, soit mon père. Nous n’y allons pas souvent, car nous sommes tous loin, en région parisienne, pas question par exemple d’y descendre pour un simple week-end. Papa se sent définitivement parisien et n’a pas spécialement envie de retrouver la région de son enfance. C’est moi plutôt qui caresse depuis longtemps l’idée de m’installer un jour dans cette belle maison et de la faire revivre. C’est moi qui ai poussé à ce qu’on la garde plutôt que de la vendre comme on l’avait envisagé un moment. Il y a deux ans déjà j’aurais eu la possibilité d’avoir un poste à Toulouse ce qui m’en aurait considérablement rapproché et cette année le poste disponible était encore plus près.

Seulement voilà, je suis un éternel indécis et les modes du gestion du personnel dans cette chère administration sont tels qu’au mois de décembre on est informé des possibilités et l’on doit postuler dans les jours qui suivent pour une nomination éventuelle à la rentrée scolaire prochaine. Ça ne me va pas du tout ce genre de processus ! Je suis incapable de me décider si vite, je ne me vois pas réorganiser tous nos modes de fonctionnement familiaux précipitamment, je ne me vois pas partir un an en avant-garde en laissant femme et fils derrière moi pour une année. Je me dis qu’il faut attendre un peu plus, que le second ait passé son bac, que çi, que ça, bref je me trouve tous les prétextes pour ne pas me décider à un saut dans la nouveauté, dans l’inconnu (tout relatif !) et je reste un an de plus, deux ans de plus, cinq ans de plus dans le poste où je ronronne actuellement et dans lequel je vais finir par m’encroûter lentement, jusqu’à la retraite qui sait !

Donc j’ai laissé passer une fois de plus. Je ne sais pas si je regrette. Je ne suis pas très clair dans mes envies, j’aime Paris aussi, j’ai toujours vécu en ville, comment réagirais-je en me retrouvant dans une bourgade de campagne. Et puis je suis le seul à porter vraiment ce projet. Les garçons y sont totalement hostiles, enfin désormais Bilbo seulement, Taupin n’est plus concerné. Et Constance ne sait pas trop, elle suit mais sans conviction, elle, elle se verrait plutôt en Bretagne.

Mais oui je regrette. Car quand je reprends ma réflexion tranquillement, argument par argument, je me dis que vraiment oui j’aimerais aller m’installer là-bas, tenter d’y faire mon trou, faire revivre la maison, être plus près quotidiennement de la nature sans être trop loin de Toulouse, grande ville de province active et vivante et que j’aime beaucoup, où j’ai habité une année d’ailleurs quand j’étais étudiant. Mes lectures diaristes même y contribuent. Ce n’est pas un hasard si je lis de près Samantdi et Eclatdusoleil, je trouve chez elles un petit accent de là-bas qui réactive mes envies. Mes objections en fait ne sont pas sur le fond, sur le but final, plus exactement les objections sur le fond que je me donne n’en sont pas vraiment, elles sont là comme prétexte, pour m’aider à faire passer la pilule de mon irrésolution. Les vraies raisons ce sont la peur, la difficulté à rompre mes habitudes, ma difficulté à me lancer. La phase de transition, de réadaptation me fait peur et ça c’est beaucoup moins glorieux. Je retrouve toutes mes lenteurs, toutes mes peurs. Lenteurs, oui, alors qu’il fallait aller vite. Je n’ai pas été vite. Bon, c’est passé, pensons à autre chose, on verra plus tard, regretter ne sert à rien…

D'abord j'avais mis un point d'interrogation au titre de cette entrée. Et puis je l'ai enlevé!

Hier et ce matin encore le temps était glacial et couvert. Les bagnoles crachaient leurs mauvais gaz et ça puait. C’est là que ça m’est revenu le regret ! En rejoignant mon bureau, j’ai pensé à ce que ce serait de démarrer le matin en voiture, d’aller et venir par les petites routes au milieu des collines, de voir le jour se lever sur la campagne. Je pensais au brouillard, à la pluie mais c’est beau le brouillard quand il se déchire, la pluie qui bat la campagne, ce peut être beau, et les odeurs d’humus mouillé, et le vent dans les arbres, et l’odeur du feu dans la cheminée quand on rentre…

Je me la joue bucolique ! Vision idéalisée. Sûrement. Mais c’est à ça que je pensais ce matin, ce sont ces envies que j’avais, en avançant emmitouflé dans mon manteau sous la chape grise du brouillard et dans les odeurs des fumées.

Et ce midi ça s’est levé. Soleil clair, beau temps froid, j’imagine mes collines, là-bas, le soleil doré sur la brique, la vue qui porte loin, les Pyrénées enneigées au loin qu’on ne voit jamais l’été à cause de la brume…

Je voudrais avoir des ailes !

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