LES ÉCHOS DE VALCLAIR

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MOIS de Février 2005 (2°quinzaine)

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18/02/05 : Grog :

Je termine la semaine sur les rotules. Mes derniers jours de travail ont été assez chauds et en plus j’en tiens une bonne : crâne comme une enclume, nez fontaine, gorge douloureuse et sale petite toux sèche en haut de la poitrine, je me sens patraque et vaguement fiévreux quoique le thermomètre ne fasse état que d’un modeste 37,5…

Ça a commencé hier soir. J’espère que ce n’est qu’un gros rhume désagréable, qu’il n’y a pas un sale petit virus là derrière en train de se mettre au travail, que ça ne va pas basculer dans la grippe ou l’angine. C’est que normalement je pars demain marcher dans les montagnes marocaines. D’habitude je laisse ce genre de petite atteinte s’éteindre de soi-même mais là je me suis bourré d’aspirine et je suçote des pastilles pour apaiser ma gorge. J’ai même avalé sur la recommandation de Constance adepte de ce genre de médication une infusion brûlante de thym et de clou de girofle citronnée et sucrée de miel. J’ai rajouté à sa recette une pointe de rhum, ce qui n’était ma foi pas mauvais.

Ça m’a fait penser au grog des quatre chapeaux. Je n’irai pas jusqu’à utiliser cette médication extrême mais bon je vous en donne la recette pour les situations désespérées :

Vous préparez une grande quantité de grog brûlant, vous posez le pichet sur votre table de nuit, vous installez sur une chaise au pied de votre lit un chapeau, vous vous mettez bien paisiblement au lit et vous sirotez doucement votre grog, vous observez attentivement le chapeau à vos pieds tout en continuant à absorber votre médecine, lorsque vous voyez quatre chapeaux c’est fait, vous êtes guéri…

Bon sur ce je m’en vais préparer mon sac…
Allez, je me souhaite de bonnes vacances et à vous aussi si vous en avez et je vous dis à bientôt…

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20/02/05 : Crise d’angoisse :

Je m’éveille avant l’aube. Nous nous sommes couchés à trois heures passées. Repos trop bref. Je vais fonctionner au radar pendant cette journée qui débute, la première de notre randonnée.

L’anxiété qui a précédé ce départ a dépassé tout ce que j’ai connu jusque là. J’ai failli ne pas partir. Mon état semi-grippal ne s’est pas arrangé. Je me suis réveillé au milieu de la nuit de samedi enfiévré, suant et toussant. Je me suis senti pris de panique à l’idée d’être vraiment malade loin de chez moi, pris d’une fièvre de cheval en pleine montagne, incapable de marcher, traîné par les autres, obligé peut-être d’être rapatrié. Mais j’ai senti aussi que l’angoisse de partir dépassait l’inquiétude liée à mon état de santé, que celle-ci à la limite devenait simple prétexte à une angoisse plus vaste, plus globale, une angoisse, une peur de tout, faisant remonter des terreurs archaïques comme celle d’un petit garçon qu’on conduirait à la crèche, qu’on séparerait pour la première fois de sa mère et qui voudrait se blottir, s’enfermer, oublier le monde extérieur. Ces angoisses deviennent récurrentes ces derniers temps, chaque fois que je suis confronté à du neuf, à ce qui me sort de mes habitudes, de ma routine, en tout cas cette angoisse s’est trouvée décuplée, centuplée, par cette modeste perspective de départ. Il n’y a pas, ça ne va pas très bien en ce moment, il y a des choses qui ne tournent pas rond, mes névroses remontent, se cristallisent ou bien est-ce cela vieillir ?

J’ai fait mon sac comme un zombie et avec l’impression qu’au final je ne parviendrai pas à partir. La journée était très longue entre mon réveil matinal et le départ prévu en début de nuit. Imbécilement plutôt que de me préparer vite et de consacrer ensuite l’après-midi à tout autre chose, à une sortie qui me changerait les idées, j’ai au contraire traîné, faisant sans faire, tentant de me reposer sans y parvenir, alimentant mon angoisse à trop écouter mon corps. J’ai pris ma température à plusieurs reprises. Oscillante. Un peu plus de 38, un peu moins de 38… Mais cette température elle-même d’où venait-elle ? Effet de la crève simplement ? Ou bien également effet du stress que je me suis créé, façon pour le corps de rentrer dans le jeu pervers dans lequel je me suis mis.

J’ai passé la journée dans l’angoisse de l’hésitation. Je me sentais incapable de partir et en même temps catastrophé à l’idée de renoncer à ce voyage. Je suis passé sans cesse de phases où j’avais envie de renoncer, tout défaire, me coucher, appeler le médecin, dormir, ne plus entendre parler de ce voyage, à des phases où je tentais de prendre sur moi, de me raisonner. Calamiteux ! Epuisant !

Constance et Bilbo ont essayé de ma pousser mais Constance, effet de mon angoisse, s’est mise à se sentir très mal elle-même. Finalement à sept heures je me suis laissé embarquer dans la voiture vers Orly, sachant bien qu’une fois le point de non-retour atteint cela irait forcément mieux puisque disparaîtrait au moins l’angoisse de l’hésitation. C’est ce qui s’est produit évidemment. J’ai trouvé les gens du groupe, j’ai fait la queue pour l’enregistrement, passé la police, attendu l’appel du vol, je suis monté dans l’avion, j’étais embarqué… Maintenant il ne me restait plus qu’à suivre, à tenter d’être fataliste et à espérer que mon état ne s’aggraverait pas du point de vue de la crève et il me restait à vivre ce qu’il y avait à vivre…

Voilà, on va voir.

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26/02/05 : Randonnée marocaine :

Notes écrites à postériori après mon retour à Paris le 2 mars :

20/02/05 : Départ le matin de notre hôtel d’Agadir, vers le sud-est, en direction de la petite ville d’Aït-Bana où nos accompagnateurs font les courses pendant que nous nous promenons, visite du marché, arrêt à de petites échoppes ateliers de menuisiers et de mécaniciens. Nous nous enfonçons ensuite dans la montagne, après le passage d’un col nous redescendons sur la palmeraie de Souk el Had de Targa Touchka où nous dépose le minibus et qui est le point de départ de la randonnée. Nous installons notre premier campement au bord du chemin où passent quantités de villageois et villageoises revenant du marché avec leurs ânes, regagnant les maisons dispersées dans la montagne. L’après-midi promenade autour du village dans la zone irriguée, palmiers, bananiers, oliviers, champs de céréales d’un vert éclatant, temps doux et agréable, tant que le soleil est là, la nuit sera froide, nous ne sommes pourtant pas encore en altitude…

21/02/05 : J’ai bien dormi, c’est déjà ça, toujours fort rhume et mal de gorge mais enfin ça ira, je me sens d’attaque pour la rando. Nous démarrons plein sud en suivant la gorge, nous nous élevons progressivement, les pentes sont ponctués d’arganiers, des petits arbres épineux dont est tiré une huile assez difficile à produire et donc chère mais parait-il pleine de vertus plus médicinales que gustatives. Des petites chevrières enfants et adolescentes, nous accompagnent un moment, elles s’approchent d’abord très progressivement, comme des animaux effarouchés qui petit à petit se laissent apprivoiser. Elles portent des vêtements très colorés et le voile ici n’est pas sinistre. D’ailleurs une fois la glace rompue, certaines s’en défont ou plutôt en jouent avec une certaine coquetterie. Tout cela se termine par une séance de photos dans les cris et les rires. Dans un village un peu plus haut des femmes descendent de leur maison et nous apportent des beignets. C’est un don, il n’est accompagné d’aucune demande, les enfants du village ne se collent pas à nous en quémandant comme on l’avait vécu de façon assez pénible dans d’autres endroits du Maroc plus touristiques (dans le Haut-Atlas) il y a quelques années. Nous nous élevons encore jusqu’à notre point de bivouac dominant magnifiquement le village et la vallée.
Les maisons des village sont toutes à peu près dans le même style, casbahs importantes, carrées, d’allure presque fortifiées. Certaines sont anciennes, en matériau traditionnel, avec parfois des fenêtres décorées. D’autres sont récentes, en parpaing crépi avec des couleurs vives, parfois assez rutilantes, certaines même avec des décors chargés, grilles en fer forgé, colonnettes qui font très nouveaux riches : de fait il y pas mal ici de résidences secondaires, fermées pour le moment, la région du Souss produisant d’après notre guide de nombreux commerçants qui ont réussi, à Casa, à Rabat ou à Paris et qui reviennent au pays l’été. De façon générale la région ne parait pas misérable même pour ceux qui sont restés au pays. Tous les enfants que nous avons vus au cours du voyage portaient des chaussures, même les petites chevrières, et semblaient correctement nourris. (je repense par contraste à la gamine qui nous avait amené au Mont Aron, au-dessus de Pétra, l’an dernier)

22/02/05 : Nous passons un petit col au-dessus de notre point de bivouac puis descendons vers le village d’Anzgarn, un des meilleurs moments de la randonnée. Le village est accroché à mi-pente, on commence à voir beaucoup d’amandiers en fleurs, des terrasses bien irriguées font des taches de vert éclatant dans un paysage globalement minéral. Deux petits gamins très délurés et qui s’expriment très correctement en français nous accrochent à proximité de leur école. Peu après le maître vient vers nous et nous invite à visiter l’école ce que nous faisons, il nous explique qu’après deux années exclusivement en arabe commencent les cours en français pour les garçons et pour les filles. A neuf-dix ans ces gamins sont donc trilingues : berbère, arabe et français… Les enfants vont à l’école soit le matin, soit l’après-midi à raison de quatre heures par jour, l’instit assume donc deux classes d’une vingtaine d’élèves à niveau hétérogène (les plus débutants le matin, les plus avancés l’après-midi). Nous plongeons vers l’oued quelques centaines de mètres plus bas, nous mettons les pieds dans l’eau mais pas plus, il y avait une « piscine » assez agréable un peu plus loin mais d’accès un peu difficile, nous ne nous écartons pas du chemin et prenons notre pique-nique à proximité. Ensuite longue remontée vers le village d’Aguard Ouzrou au-dessus duquel nous bivouaquons. Il y a du bois dans le secteur ce qui nous permet de faire un feu bienvenu pour nous réchauffer un peu et autour duquel pour la première fois nous pourrons laisser s’attarder la soirée en écoutant quelques chants berbères.

 

23/02/05 : Etape assez longue en distance mais sans beaucoup de dénivelée, nous remontons un long vallon pour aboutir sous le djebel Lekst. J’accuse la fatigue dans cette étape facile, j’ai l’impression que la fièvre a repris, j’ai l’impression qu’on n’en finit pas, nous arriverons cependant au campement pour déjeuner. Agréable de se poser, d’avoir un peu de temps dans l’après-midi pour une toilette et pour un peu de repos . Cela va mieux ensuite, nous allons faire le tour du village, constitué de trois hameaux différents, accrochés dans les pentes, reliés par un chemin en balcon qui domine le fond du vallon.

24/02/05 : C’est l’étape la plus montagne de la randonnée, nous grimpons 600m de dénivelée par un couloir pierreux assez raide. La pluie malheureusement se met très vite de la partie et n’arrêtera guère de la journée, au passage du col vers 2050m c’est même de la neige mouillée. Inutile de dire que nous ne traînons pas en route, nous redescendons le plus vite possible, le pique-nique sera vite pris au village d’Anergui, belles maisons mais ici tout est fermé, le village est mort l’hiver, un cantonnier qui refait la route, seule présence vivante rencontrée, nous amène à une maison adossée à la montagne, reliée à elle par un passage couvert qui nous offre un répit au sec. Les longs lacets de la route nous ramènent vers le village plus bas où nous devons camper, beaux aperçus pendant la descente, entre coups de lumière sur la vallée et écharpes de nuages accrochés à la montagne. Les portables recommencent à passer. Le guide joint la quatre-quatre qui porte nos affaires et fait le tour par la vallée, il fait chercher une maison en dur dans le village pour nous héberger. Initiative bienvenue: il a plu toute la soirée et toute la nuit, nous avons été très entassés mais au moins nous avons pu manger et dormir au chaud et au sec, malheureusement sans aucun contact avec la famille qui nous accueille, entièrement repliée dans une autre partie de la maison.

 

25/02/05 : Nous envisageons de renoncer à la dernière journée de marche tant le temps menace au réveil. Nous partons cependant et nous avons bien fait, la montagne est très différente ici, nous traversons des chaos de granit rose entre pluies et éclaircies, bénéficiant par moments de belles lumières avant de redescendre vers Tafraoute où un tajine bien chaud nous attend dans un petit resto. Nous retrouvons un bus qui nous ramène par une très belle route balcon vers Aït-Bana et Agadir.


26/02/05 : Matinée à Agadir avant de partir prendre l’avion. La ville qui a été entièrement détruite par un tremblement de terre en 1960 ne présente guère d’intérêt mais il fait doux se promener, descendre jusqu’au bord de la mer, avoir le plaisir de marcher pieds nus le long de la plage et d’aller taquiner l’eau du bout de l’orteil après les grosses chaussures et la montagne.
Et puis l’aéroport et le retour…

 

Qu’est ce que j’en tire de ce voyage ? L’un dans l’autre j’en ai profité et ne le regrette pas bien sûr. Beaux paysages, bon engagement physique, groupe sympathique. Et pourtant il est toujours resté comme une ombre… Ma crève persistante n’est pas seule en cause, il y avait aussi ce souvenir de la crise d’angoisse précédent mon départ, de tout ce qu’elle veut dire ou plutôt ce que j’imagine qu’elle veut dire, il y a mon incapacité à retrouver des moments de pur ravissement (au sens fort, premier du terme, être emporté, entièrement pris dans l’instant) comme je pouvais les vivre notamment en voyage lorsque j’étais plus jeune mais aussi à d’autres occasions, maintenant il me semble je suis bien là mais je suis aussi dans mon regard qui me regarde regarder, dans ma tête qui ne peut s’empêcher de réfléchir (« les agitations du mental » aurait dit mon prof de yoga), dans mon personnage qui se préoccupe de son positionnement dans le groupe. J’ai toujours été un peu comme ça mais n’empêche j’avais de temps en temps ces moments de ravissements, esthétiques, intellectuels, amoureux, qui il me semble se font désormais de plus en plus rares.

J’ai ressenti cela d’autant plus qu’il y avait dans le groupe qui s’est révélé tout à fait sympathique et harmonieux, avec certaines personnalités vraiment fortes et riches, des gens qui manifestaient avec aisance leur adhésion immédiate et sans questionnement au vécu de leur présent, ce qui me renvoyait inévitablement à ma propre et perpétuelle distanciation.

Je garderai longtemps en particulier l’image d’un monsieur assez extraordinaire, souvent assez discret et silencieux mais extrêmement drôle et souvent profond chaque fois qu’il parlait ou se mettait à jouer, un petit type formidable par l’esprit d’enfance qu’il était capable de manifester à 70 ans passés, il s’est construit à partir d’une branche de palmier, d’un fer à cheval et de quelques objets ramassés sur le chemin un totem qu’il a trimballé pendant tout le voyage, avec lequel il s’amusait par moments, faisait rire les enfants rencontrés, donnait la réplique à notre guide lorsque celui-ci chantait en berbère, inventant alors un espèce de sabir rythmé qui m’a fait inévitablement penser à la séquence de la chanson de Charlot dans Les Temps Modernes. Il est devenu une espèce de mascotte du groupe, particulièrement populaire auprès de nos accompagnateurs pour lequel il n’a plus été que Sidi Ali Baba. Je suis admiratif et un peu envieux de cette merveilleuse juvénilité. J’espère que j’aurais l’occasion de le rencontrer à nouveau plus tard lui et sa femme très sympathiques mais ils habitent en Suisse et l’expérience de ce genre de voyage me prouve que si l’on est souvent plein de promesses de revoyure lorsqu’on se quitte, celles-ci se concrétisent assez rarement à long terme.

 

 

28/02/05 : Retour :

Me voici rentré à Paris depuis hier. Je replonge dans mon quotidien. Retrouvailles familiales avec plaisir. Mise à jour de tout ce qui était resté en souffrance avant mon départ. Plongée dans la presse de toute la semaine passée où nous sommes restés complètement coupé du monde : les palinodies de Gaymard qui feraient rire si elles n’en rajoutaient pas une couche sur le discrédit qui pèse sur la vie publique, ces vagues espoirs de paix qui semblent apparaître au Moyen-Orient et ce mouvement puissant de la société libanaise pour sa liberté, ce vieux Pape qui n’achève pas de mourir dans une ambiance délétère de fin de règne, cette belle mais plutôt triste interview de Lévi-Strauss à propos du Brésil qui montre le vieux savant à la fois très présent, lucide mais forcément distancié de ce monde qui n’est plus le sien… Plongée aussi bien sûr chez mes diaristes habituels. Que se passe-t-il dans le petit monde ? Des présences, des absences aussi, tout ça bouge beaucoup, c’est inévitable.

Temps glacial. Les montagnes marocaines où le soir tout de même nous avons souvent eu froid, paraissent bien douces en comparaison. Bonne chaleur du soleil dans la journée, intensité du vert des cultures dans les zones irriguées à proximité des oueds, délicatesse des amandiers en pleine floraison dans les hautes vallées. Je n’ai guère écrit comme je le fais habituellement dans ce genre de voyage, dont j’aime pouvoir ensuite me remémorer les étapes, je vais essayer tant que c’est encore frais et je mettrais ça en ligne de façon rétrospective dans quelques jours j’espère avec la page que j’ai écrite à l’hôtel la première nuit, racontant la crise d’angoisse qui a précédé mon départ. J’ai traîné ma crève tout au long du voyage mais ça ne m’a pas trop perturbé quand même. J’étais fatigué mais j’ai pu marcher sans trop de peine et ce d’autant plus que le groupe n’était heureusement pas trop fringuant.

J’ai quelques jours de vacances encore, je ne reprends le chemin du bureau que jeudi et vendredi. Je vais pouvoir fonctionner un peu à rythme lent et profiter de Paris, ciné et expos au programme. Hier soir déjà, j’ai été voir avec Constance, « La Petite Chartreuse », assez poignant quoique peut-être un peu lourd et démonstratif. Olivier Gourmet est admirable de présence exprimant par tout son corps, pas seulement par son visage et ses mots, la profondeur de sa douleur mais aussi l’intensité de sa sensibilité, son émerveillement quand s’amorce un échange entre lui et la petite fille absente.

 

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