18/09/05 : Patrimoines :
Et voilà, je travaille sur mon nouvel ordinateur. Je suis tout content comme un gamin avec un nouveau jouet. Il fonctionne vite, il n’est pas encore perturbé par toutes ces bizarreries qui s’étaient progressivement invitées sur mon ancien ordinateur à mon insu. Tout n’est pas complètement installé mais bon l’essentiel y est, les programmes principaux, la connexion internet, j’ai transféré mes dossiers et mes documents et j’ai achevé de sauvegarder celles de mes correspondances que je voulais garder, je l’ai fait manuellement, l’une après l’autre et finalement j’y ai pris un certain plaisir, je suis content d’avoir maintenant pour chaque personne les courriers les plus intéressants qui se succèdent et se répondent suivant leur chronologie initiale. (Et merci à ceux de mes correspondants qui m’ont gentiment envoyé des trucs pour aller plus vite dans la sauvegarde des messages outlook).
Ce week-end il y avait les Journées du Patrimoine. Le beau temps aidant, on en a profité Constance et moi, on a pris nos vélos et on a été vers des lieux inhabituels. Hier on a visité l’hôtel de Massa, siège de la Société des Gens de Lettres, c’est un lieu qui m’attirait, je passe assez souvent devant, on devine le bâtiment par la grille et surtout ce beau jardin, un peu mystérieux, adossé d’un côté au parc de l’Observatoire et de l’autre suspendu au-dessus de la rue du Faubourg St Jacques. L’endroit est assez délicieusement suranné, comme l’était la conférencière très « gensdelettres » qui nous a fait un petit topo sur l’institution et son histoire mais tout ça ne manquait pas de charme. On est resté un moment dans le jardin ensuite, depuis les bosquets serrés au fond, isolés par de hauts murs et un étage plus haut que la rue, avec en face de soi cette façade d’hôtel ancien, avec la coupole de l’observatoire qui se devine entre les branches, on se sent vraiment tout à fait ailleurs, bien loin de Paris.
Aujourd'hui c’était encore un autre monde. On était rive droite, autour du Palais-Royal, de la Bibliothèque Nationale, site Richelieu, la « vieille BN », autour de la Banque de France et de la Bourse. La Banque de France que nous voulions voir n’était pas visitable quoique officiellement au programme, on a visité à la place le palais Brongniart, c’est vaste et imposant, la décoration est pompeuse, glorifiant l’essor industriel et commercial du 19° siècle (ainsi aux voussures du plafond de la grande salle cette « France accueillant les produits des quatre parties du monde », une belle femme civilisatrice et dominante recevant des indigènes déférents aux bras chargés de productions exotiques, c’était la mondialisation de ce temps là…). Le lieu a perdu beaucoup de ce qui faisait sa vie, la fameuse corbeille n’a plus aucune fonction, elle n’est plus au centre de la salle, mais dans un petit espace à l’étage voué à l’évocation historique, tout passe maintenant par les tuyauteries informatiques et les back office des institutions financières, reliés en temps réel. Il y avait des conférences là aussi sur l’organisation des marchés financiers et sur comment se constituer un portefeuille... C’était pas trop notre tasse de thé, on est ressorti dans le soleil, on a traîné un peu dans les rues avoisinantes où se tenait une brocante…
Ce dimanche il y avait aussi pique-nique de blogueurs. J’avais un peu envie d’y aller mais on ne peut être partout. La saison à l’Hôtel des Blogueurs est close. Les discussions sur qui était qui vont bon train dans le petit monde (il y a même un forum consacré à ça ) et j’imagine que le pique-nique aura été le lieu de quelques révélations et commentaires là-dessus. J’ai suivi pour ma part ces aventures échevelées d’un peu loin et sans participer mais je suis assez admiratif de ce grand jeu collectif et bravo à celle qui a piloté ça de main de maître, j’avais envie de vous le dire chère Madame Rossignol, Kozlika, c’est un peu pour ça que je voulais passer au pique-nique, donc voilà c’est dit, merci…
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24/09/05 : Blocage :
Décidément j’ai beaucoup de mal à trouver le temps de venir écrire ici. Cela dit le temps on le trouve quand on veut. Est-ce l’envie alors ? L’envie est là pourtant, j’ai le sentiment que ça me manque, des mots, des pensées passent en moi que je voudrais arrêter et venir poser ici mais je ne le fais pas, voilà la journée est passée, la soirée aussi, je me couche, ce ne sera pas pour aujourd'hui et pour demain non plus, car ces pensées et ressentis d’aujourd'hui demain ça sentirait le rechauffé alors je laisse filer…
Il est vrai que j’ai exceptionnellement beaucoup de boulot professionnel en cette rentrée et ça n’aide pas évidemment. Pendant le peu de temps libre que je me ménage j’ai besoin d’autres respirations que l’écriture. Enfin je pense que vers la mi-octobre ça devrait se tasser un peu sur ce plan, toutes mes difficultés de rentrée auront été absorbées j’espère.
Mais je crois qu’il n’y a pas que ce manque de temps. Il y a le statut de cette écriture. Une éternelle question. J’ai à mesure qu’avance cette expérience d’écriture en ligne, presque trois ans maintenant (aïe, aïe que ça passe vite !), ressenti des contradictions de plus en plus criantes entre l’intime et l’extime, ce qu’on peut dire publiquement et ce qu’on ne peut pas dire, entre la volonté de préserver l’anonymat et les contorsions auxquelles cela oblige parfois. Je disais jusque là que je m’en satisfaisais ou du moins que je parvenais à faire avec. Ça m’est de plus en plus difficile. La volonté de préserver mon anonymat m’entraîne à ne pas traiter de certains sujets qui mettrait celui ci à mal. Or précisément ces sujets font partie de ceux dont j’aimerais parler, ce sont ceux-là pour lesquels se justifierait le plus la mise en ligne, la mise en communication aussi, l’ouverture aux commentaires. D’où mon blocage actuel. Je vais changer des choses donc. Un autre site peut-être ? Sous la forme d’un blog ? Sans doute. Je réfléchis.
Mais c’est tout moi ça aussi ! Réfléchir ! Réfléchir ! Comme aussi j’ai tendance à tourner sept fois ma langue dans ma bouche ou plutôt mes doigts sur mon clavier plutôt que de laisser venir mes mots spontanément. Réfléchir ! Trop... Peser le pour et le contre, longuement, trop longuement. Avant d’agir. Á la place d’agir…
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28/09/05 : Deux films :
La technique continue à me jouer des tours. Mon nouveau matériel tout beau, tout neuf a connu quelques ratés. Je suis resté trois jours sans connexion et me suis encore pris la tête avec les longues attentes sur la hot-line de free pour la rétablir. Ça ne facilite pas les choses pour moi qui ai déjà du mal à venir prendre le temps d’écrire ici…
En plus la nouvelle version du logiciel que j’utilise ne fonctionne pas tout à fait comme la précédente. Je n’ai pas trouvé encore comment faire certains réglages, je perds du temps, ce qui n'est pas ce dont j'ai le plus besoin en ce moment. Et ça me renforce dans l’idée que j’ai par ailleurs pour de toutes autres raisons de changer de mode de publication et à passer au blog sur une plate-forme toute faite
A part ça j’avais envie d’évoquer les films que j’ai vu ce week-end, deux objets cinématographiques si profondément différents alors qu’ils parlent au fond de la même chose, le désir amoureux, que je trouve intéressant de les mettre en contraste. Il s’agit de « Peindre ou faire l’amour » et de « La spectatrice ».
L’un parle du désir qui s’épanouit, qui s’accepte, qui s’accomplit dans la légèreté et au cœur du flux de la vie. La terre, les paysages et les saisons y sont présents comme cadre, comme arrière fond du flux de vie dans lesquels baignent les personnages et avec lequel ils s’harmonisent. Le film est dans la légèreté, les tons en sont chauds.
L’autre parle du désir figé, des peurs, des silences qui bloquent son accomplissement, deux personnes se croisent, se frôlent mais ne se rencontrent pas. Le film est dans la gravité, dans la pesanteur même, les couleurs sont ternes, froides.
J’ai aimé les deux films. Les deux m’ont parlé. Comment n’aurais-je pas été touché par le premier, moi qui suis dans un couple vieillissant, fatigué, comment ne me sentirais-je pas accroché par ce conte gentil où, passé quelques difficultés premières d’adaptation, tout baigne et se déploie dans l’harmonie ? Sans doute ai-je aussi au fond quelquepart l’envie ou le fantasme qu’une telle conjonction quasi miraculeuse puisse surgir pour moi aussi des hasards de la vie. Je n’ai pas vu ce film avec Constance. Dommage. Peut-être aurait-il été l’occasion de discussions qui nous manquent dans notre routine installée.
Et dans l’autre film comment ne me serais-je pas retrouvé aussi ? Sans aller jusqu’à l’extrême de la situation ici décrite, il m’est arrivé plus d’une fois de m’approcher de quelqu'un, de lui tourner autour, de me sentir près de quelquechose mais sans que ne viennent les mots qu’il aurait fallu dire, les gestes qu’il aurait fallu amorcer. Et je repense tout à coup à Viviane, perdue de vue depuis, regret qui reste, c’était il y a deux ans, que dis-je trois ans, quatre même, puisque c’était avant que je commence ce journal en ligne...
Ces films ont leurs défauts, l’un comme l’autre. La gravité de « La spectatrice » est parfois de la lourdeur, l’argument est évident et le récit ne se développe pas toujours au tempo qu’il faudrait, il m’est arrivé de bailler. Et la musique qui se contente d’appuyer, qui n’apporte rien, qui n’ouvre rien, ah, la musique, comment peut-être être aussi ringarde !
Dans « Peindre ou faire l’amour » tout me paraît un peu trop simple, trop lisse, c’est un conte certes avec sa morale qui est en gros « carpe diem, accueillez le désir, accueillez la vie » mais sa volonté démonstrative est un peu poussée. L’irruption du couple supplémentaire en fin de film notamment me paraît lourdement surajoutée, elle passe mal, ce n’est pas ici comme dans la première aventure la conjonction improbable mais possible de désirs partagés dans leur fraîcheur et leur spontanéité, on est plutôt dans la mécanique froide de l’échange pour l’échange ce qui n’a rien ou si peu à voir.
J’ai beaucoup aimé par contre qu’Adam soit aveugle. Cela rajoute une dimension et non la moindre au film, être privé de l'un des sens cela magnifie les autres pour Adam mais pas seulement pour lui, la scène de la marche dans l’obscurité, un écran noir et des sons est très belle, très évocatrice. Et j’ai aimé la pointe d’humour qui se glisse plus d’une fois dans le propos, j’ai aimé les acteurs dans l’ensemble, spécialement Sabine Azéma, elle est belle lorsque soudain son regard s’éclaire, pétille, il y a tant de choses qui passent dans un regard, c’est si précieux un regard vivant, on en est d’autant plus conscient peut-être qu’Adam nous rappelle qu’il n’est pas donné à tous de les percevoir.
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29/09/05 : Valclair, dernière…
C’est décidé, c’est fini, j’arrête ce site, je ferme...
Plus exactement je cesse de le mettre à jour. Je laisserai les Échos de Valclair en ligne, accessible à qui voudra, comme un moment du passé.
Et puis bon je n'arrête pas tout, je vais continuer mais sous une autre forme, je vais aller ailleurs, je passe au blog avec tout ce que cela implique, mes réticences sont vaincues, la prochaine entrée sera vraisemblablement sur canalblog.
Il y a eu ces jours derniers dans ce qui est un peu « ma bande » dans l’univers infini des diaristes des discussions intéressantes autour de la mise en ligne, de ce qu’on y donne de soi et de ce qu’on n’y donne pas, je n’y ai pas participé coincé entre panne de connexion et manque de temps quoique j’aurais bien aimé mettre mon grain de sel sur quelques points (euh, en français je crois bien que j’aurais du dire « j’eusse »). Je ne me décide pas à la suite de ces contributions mais elles sont arrivées au bon moment, elles ont stimulé ma propre réflexion et je crois que j’ai maintenant les idées assez claires sur ce que je veux faire et ne pas faire en allant bloguer, ce que je changerai ou ne changerai pas dans ma façon d’écrire, sur la façon dont je gérerai l’anonymat, avec un moindre souci de le préserver à tout prix.
Je vous parlerai de ça dans quelques jours en ouvrant le Valclair nouveau, car là, pour le moment, je m’en vais préparer ma valise, demain après une courte matinée au bureau je file prendre le train, je vais avec joie « dévirtualiser » une blogueuse amie, en découvrir une autre aussi à l’occasion et m’immerger de surcroît dans un moment d’écriture partagée, en plus dans un lieu qui doit être beau et serein.
Bon moment en perspective de coupure avec mon quotidien ce qui me fera le plus grand bien, moment bien réel qu’aura généré le virtuel. C’est-y pas chouette ça…