MOIS
d'Avril 2004 (1°quinzaine)
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02/04/04
: " Disgrâce ":
J'ai lu ces jours ci " Disgrâce
" de J.M. Coetzee, un très bon livre.
C'est plutôt dur,
très dur. C'est une descente aux enfers qui est décrite sur un ton
froid, sans émotion et sans pathos, à laquelle les personnages ont
l'air d'assister en spectateurs désolés plus qu'en acteurs. On les
sent vaincus d'avance, incapables de réagir, de se rebeller contre le sort
qui s'acharne contre eux, choisissant même peut-être cette lente désintégration
d'eux-mêmes, peut-être comme une expiation.
Une expiation individuelle,
en tout cas pour le personnage principal, David, l'intellectuel vieillissant,
conscient de sa veulerie, conscient de la médiocrité de sa carrière
et de sa vie. Mais aussi une expiation collective : il y a un arrière fond
historique et social très fort au récit : on est dans l'Afrique
du Sud d'après l'apartheid, les blessures accumulées par plus d'un
siècle de colonisation et de racisme sont loin d'être cicatrisées,
les communautés, même si elles vivent désormais sous une même
loi, ne peuvent vraiment se comprendre et se rapprocher, l'esprit de revanche
ne peut pas ne pas être présent.
L'aventure initiale aurait
pu être belle, un homme vieillissant engageant une relation avec une jeune
femme. Elle tourne pour lui à la catastrophe sans qu'aucun des protagonistes
principaux, ni lui, ni l'étudiante qu'il a séduite et qui s'est
laissée séduire, n'en ait été vraiment responsable.
Ça n'aura été qu'une succession d'enchaînements malheureux,
la faute à pas de chance, la faute au système et à ses valeurs,
la faute aux entourages, à la faible personnalité de la jeune femme,
à son âge à lui, à sa volonté déclinante,
peut-être à sa désespérance profonde. " Dans tout
cette maudite histoire il y avait quelquechose de généreux qui cherchait
à fleurir".
Mais rien n'aura fleuri et David alors suivra sa
pente, on ne peut pas dire de désillusion en désillusion car il
n'a même pas d'illusion, simplement il s'éloigne de tout, de lui-même
et du monde, il tombe de plus en plus en" disgrâce ", une disgrâce
qui n'est pas seulement sociale, qui est radicale, quasi ontologique.
Il
n'y a pas à proprement parler de douleur, il y a une indifférence,
une solitude de plus en plus radicale y compris vis à vis de sa fille Lucy
qui lui échappe. Certains passages sont hallucinants comme ce chapitre
10 dans lequel il découvre le mouroir aux animaux auquel il va consacrer
une partie de son temps, participant à l'euthanasie des animaux, symbole
sans doute d'autres holocaustes. Ou comme le chapitre 11 qui raconte avec une
grande économie de moyens l'agression de la maison et le viol dont sa fille
est victime, tout cela est rapporté avec une grande économie de
moyens, les évènements se devinent plus qu'ils ne sont décrits
crûment et cela en a d'autant plus de force.
Pas drôle donc
tout ça, d'autant qu'on pourrait y voir un symbole plus large concernant
nos mondes, sortes d'îlots perdus, qui perdurent, mais barricadés
derrière leurs clôtures, protégés par leurs vigiles.
On ne voit pas se créer un nouveau monde qui s'appuierait sur un dépassement
des antagonismes anciens, qui verrait apparaître de nouvelles valeurs, il
n'y a aucune compréhension vraie entre des êtres qui ne sont pas
issus du même monde, aucune possibilité d'amour, la culture ancienne
n'a plus de sens et l'uvre que tente d'écrire David n'est qu'une
rêverie qui n'aboutira pas.
" Oui, je le largue ", ce sont
les derniers mots du livre, David laisse partir à l'holocauste le vieux
chien auquel il s'était attaché.
Pas gai tout ça et
pourtant ça m'a fait du bien de lire ce bouquin. J'ai retrouvé cet
immense plaisir de me coucher le soir avec un bon livre, de me fermer à
toutes les autres préoccupations et de partir en voyage. Un plaisir que
je n'ai pas souvent rencontré ces derniers temps, je me suis laissé
trop envahir par mes lectures quotidiennes, la presse, une revue ou deux, mes
promenades sur l'ordinateur pour aller traquer le diariste
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03/04/04
: Un samedi :
Ce matin, au réveil, Philippe
Delerm parlait à la radio. Il lisait un texte sur le samedi matin, sur
le bonheur de se lever tôt, sur l'attente d'une journée pleine, tonique,
riche d'activités mais faite pourtant aussi de lenteur, d'écoute,
de regards portés sur le jardin qui s'éveille, des sens attentifs
à la beauté du jour. Je ne me souviens plus tout à fait des
mots, à vrai dire je dormais encore à moitié, mais l'idée
générale c'était bien ça, c'est comme ça que
je l'ai entendu en tout cas, c'était des mots qui résonnaient en
moi, c'est ainsi que je ressens le samedi matin, c'est ainsi du moins que je l'espère.
Car
hélas les journées ne sont pas toujours comme on les voudrait. Et
aujourd'hui justement a été l'exemple d'une journée à
la quelle je n'ai pas su faire tenir ses promesses.
Ma tonicité s'est
vite effritée. Il faut dire que je me suis lancé dans des activités
des plus déprimantes mais qu'il faut faire de temps à autre. Absorber
les paperasses qui se sont accumulées, classer, ranger, éliminer
surtout, faire de l'espace. Travail de Sisyphe toujours recommencé. La
maison est pleine comme un uf, les dossiers, les bouquins, les objets grimpent
partout jusqu'au plafond, pas d'espace vide ou l'il puisse se reposer. Je
tente de faire un peu de vide, à chaque fois la montagne accouche d'une
souris.
Au vrai ce qui encombre l'espace n'est qu'une petite part du problème,
ce qui compte c'est ce qui encombre l'esprit. Sans doute est-ce pour ça
que c'est si difficile de faire le ménage dans les strates matérielles
d'encombrement, elles ne sont que des reflets d'autres encombrements. Se détacher
! Se détacher du surplus d'objets qui nous envahissent mais aussi du surplus
de désirs, de pensées, de projets, le prof de yoga nous parle assez
de ça, je n'ai absolument pas envie de le suivre dans la réponse
radicale qui est la sienne mais force est de constater qu'on touche là
une vraie question.
(En me relisant je me dis que ça me rappelle
quelquechose : et en effet une petite plongée dans mes archives m'amène
à "nettoyage de printemps",
décidément tout change et tout est pareil !)
Enfin moi qui
ai passé ma matinée à ces rangements, je n'ai qu'une envie
: sortir. Constance elle revient du travail, fatiguée, plutôt déprimée,
elle veut surtout se reposer et, après le déjeuner, elle s'endort.
Nos rythmes donc ne s'accordent pas. Je comprends bien sûr son besoin.
Vais-je sortir sans l'attendre ? J'ai envie aussi cet après-midi d'un peu
de partage.
Donc je me mets à autre chose, je travaille vaguement
sur l'ordinateur mais sans me tenir à rien, je papillonne, je me disperse,
l'après-midi avance.
Constance s'éveille, elle n'est pas très
gaie, elle n'a pas beaucoup d'envies et moi je n'ai pas envie d'avoir de l'énergie
pour deux.
Mais je n'en peux plus d'être ici, il faut que je sorte,
j'étouffe dans ma petite boîte, j'étouffe dans mes objets,
j'étouffe dans mes pensées.
Je sors. Marcher tout de suite
me fait du bien. Mais je sais que ce mieux n'aura qu'un temps si ma promenade
est sans but, j'aime parfois déambuler au hasard de ma marche mais pas
en tout cas dans une journée mal engagée comme celle-ci. Je vais
donc me choisir un cinéma mais c'est sans nécessité ou envie
profonde, juste pour m'occuper.
Finalement j'ai été voir le
dernier Rohmer " Triple agent ". Rohmer est un cinéaste qui parfois
me séduit, parfois m'horripile. Cela dépend sans doute des qualités
objectives du film mais je pense dans le cas de ce cinéaste, plus encore
de l'état de réceptivité dans lequel je me trouve. Ça
passe et alors je le trouve charmant, intelligent et parfois même profond,
ou ça casse et alors je n'y trouve que du vide, des personnages artificiels,
une logorrhée exaspérante. Ce film ci est un peu atypique dans la
filmographie de Rohmer. C'est un film historique. J'avais beaucoup aimé
justement " L'anglaise et le duc ". Ici j'ai pas mal baillé et
j'ai cru justement que ça allait tourner pour moi en un film où
ça casse. Finalement non, ça m'a pas mal intéressé,
surtout parce que c'est politiquement et historiquement très riche, la
petite histoire tortueuse et à priori assez incompréhensible de
notre espion s'éclaire et devient lumineuse rapporté à la
grande histoire, à celle du basculement de la politique soviétique
de la ligne des fronts populaires au pacte germano-soviétique. Mais j'imagine
qu'il faut déjà un minimum de culture historique sur cette période
pour saisir tout cela, qui se devine par bribes, Bilbo a vu le film et m'a dit
s'être terriblement ennuyé, cela ne m'étonne pas. Enfin tout
de même c'était plutôt pour moi un bon moment.
Après
cela je suis rentré sagement à la maison, on s'est retrouvé
face à face Constance et moi devant la table du dîner, les garçons
étaient tous deux de sortie ce soir, au moins aurions nous pu nous retrouver
dehors et dîner au resto. Á quoi bon, que nous serions dit de plus
?
Après le repas Constance s'est installée devant la télé,
moi devant mon ordinateur, devant cette page, voilà
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09/04/04
: Prise de distance ?
Je crois que je suis en train
de prendre une certaine distance à l'égard du monde du diarisme.
Je vais moins souvent lire les journaux qui faisaient partie de mes favoris, je
passe moins de temps dans des explorations tous azimuths, je m'éloigne
d'un site dont j'étais devenu membre, Obsolettres et même je viens
écrire moins souvent ici.
J'ai l'impression d'arriver au terme d'une
phase, celle de l'exploration et de la découverte, celle où il suffit
de rencontrer les autres passivement, à travers leurs mots. Je m'en rends
compte notamment vis-à-vis de diariste que j'aime bien, qui faisaient tilt
en moi, simplement parce que je devinais une connivence avec eux, peut-être
fallacieuse d'ailleurs, à partir de ce qui nous rapproche comme à
partir de ce qui nous différencie. Un miroir de soi pour se regarder semblable
ou pour s'imaginer différent. D'accord mais après ? L'intérêt
s'émousse, j'ai le sentiment de connaître les gens que j'ai suivi,
de comprendre à peu près comment ils fonctionnent, du moins dans
ce qu'ils disent d'eux-mêmes dans leurs mots. Rajouter des mots aux mots
alors ne sert plus à grand-chose. Je sais bien que les diaristes ne se
résument pas à ça, que la personne qui est derrière,
la vraie, la charnelle, c'est autre chose. Il faudrait passer alors à une
autre étape de connaissance, des échanges soutenus de mails, des
rencontres. J'ai le sentiment d'atteindre là les limites de ce que peuvent
apporter les simples lectures croisées de diaristes à diaristes.
Ce positionnement plus réservé tient évidemment aussi
au démarrage d'activités dans le cadre de mon projet-dont-je-ne-parle-pas.
Ce sont des activités qui me plaisent, avec de vrais gens, avec lesquels
je m'attable dans de vrais cafés, avec qui je parle en face à face
ce qui est autre chose tout de même que l'échange de mots désincarnés
au travers de nos écrans.
Mais le problème justement, en tout
cas pour cette écriture, est que je n'en parle pas. Du coup je suis en
porte à faux, je sens que je m'éloigne de mon projet qui consistait
à rester au plus près de ce qu'était mon journal papier du
temps où je ne le communiquais à personne. Si je suis explicite
je remets en cause l'anonymat auquel je tiens, si je décontextualise trop
je tombe dans les généralités, je ne dis pas ce que je voulais
dire réellement. Alors pour le moment j'évite complètement
d'écrire là-dessus mais ça ne me satisfait pas.
Mon
rapport au diarisme se fait plus libre, plus distancié. Ce qui ne veut
pas dire qu'il perd de l'importance. Ces tous derniers jours justement je suis
retourné lire certains journaux en ligne que j'avais délaissés
depuis un long moment. Je les ai retrouvés avec plaisir. Peut-être
les ai-je lus un peu plus en diagonale que je ne l'aurais fait il y a quelques
mois. J'ai retrouvé aussi des diaristes appréciés qui s'étaient
retirés et qui reviennent, ça c'est toujours un grand plaisir. La
lecture des autres, même si elle est un peu plus rare qu'avant, m'incite
à continuer pour ma part.
Il me faut trouver le bon équilibre.
Ce n'est pas évident.
En tout cas cette relative prise de distance
m'a incité à modifier un peu l'organisation de mon site. J'ai supprimé
la page de favoris dans laquelle je faisais de brefs commentaires sur des diaristes
que je lisais souvent ou de temps à autre, je l'ai remplacée par
la simple mention de quelques uns des sites qui me plaisent sur ma page d'accueil.
Ce n'est pas anodin. Il y avait derrière cette page une volonté
(ou un fantasme) de tenir à jour une sorte de répertoire de diaristes
comme pour baliser mes propres découvertes, c'est une contrainte à
laquelle je ne veux plus m'astreindre.
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12/04/04
: Repas pascal :
Hier, en ce jour de Pâques,
nous avions le projet d'une grande randonnée. Finalement nous avons été
déjeuner en famille chez la mère de Constance. Non que nous ayons
eu des pressions pour venir. Ce sont plutôt des pressions que nous nous
sommes faits nous-mêmes : beaucoup de membres de la famille sont absents
cette année, en vacances ou pris ailleurs, cela ferait plaisir à
belle-maman que nous y allions
Le moment n'était pas désagréable,
l'atmosphère détendue, le repas très bon. Et pourtant en
rentrant hier soir j'avais le sentiment d'une journée vide, un moment entre
parenthèse, un moment qui n'est pas mien. Les embouteillages à l'aller,
l'apéritif en attendant les convives qui tardent, le repas trop riche,
ma tendance à manger et à boire un peu trop - parce que c'est bon,
parce que ça occupe - les papotages de l'après-midi qui s'éternisent,
quelques pas dehors pour prendre un peu l'air, une promenade trop courte et trop
lente, le soleil qui descend, la lumière qui baisse, les embouteillages
au retour
J'ai vu les membres de la famille qui étaient là
avec plaisir mais sans plus. Á ces grandes réunions je préfère
de loin les rencontres plus restreintes, plus choisies, où il y a un peu
plus de chance de se parler vraiment. Et puis une chose m'a frappé. Les
gens ont vieilli, cette réalité évidente se fait plus sensible
lorsque se voit nombreux, avec des personnes que l'on ne rencontre pas souvent.
La génération des quarantenaires avancés et des jeunes cinquantenaires,
ma génération, change : il y a le frère de Constance qui
s'est décidément empâté, il a de moins en moins de
cheveux, son visage est marqué, ce n'est plus le jeune homme que j'avais
l'habitude de voir, pourtant c'est mon cadet de quelques années, il y a
cette sur aussi qui s'est alourdie, son corps s'est modifié, tout
à coup me frappe une ressemblance étonnante dans son attitude, dans
son port, avec une des ses grands-mères que je vois en photo, accrochée
au mur juste derrière elle. Et que dire de la génération
au-dessus de la nôtre : cet oncle de Constance que je retrouve avec peine,
il parle lentement, marche difficilement, il nous entretient longuement de ses
problèmes de santé, c'est devenu un vieux monsieur, ce que nous
serons dans si peu d'années ! Les jeunes ne sont pas là, certains
sont partis en vacances, d'autres, familles recomposées obligent, sont
ailleurs, quant à nos ados ils avaient mieux à faire
On
devrait être dans l'allégresse pascale. Dans le temps de l'espérance
et du renouveau. Ce n'est pas ça. Dans notre génération en
tout cas nous sommes quasi tous complètement déconnectés
du lien qu'il devrait y avoir entre ce moment et la Résurrection du Christ,
nous n'avons pas été à la messe, nous ne rompons pas un Carême
que nous n'avons pas fait. De tout cela finalement il ne reste que la réunion
de famille et le repas, le gigot d'agneau. C'est un peu léger. Ou un peu
pesant au contraire !
Il faudrait apprendre à être soi. Á
ne voir les gens que parce qu'on en a vraiment envie et non par rite ou tradition
ou conformisme. Á être toujours dans l'authenticité, à
tenter du moins d'en être au plus près. La vie sociale, l'ouverture
aux autres impliquent des concessions, il est normal aussi parfois de prendre
sur soi pour faire plaisir aux autres, sinon on tombe dans l'égoïsme
et derrière l'égoïsme, forcément, dans la solitude mais
encore faut-il le faire en conscience, avec mesure, en sachant pourquoi on le
fait, et non par habitude, parce que ça se fait. Cela est valable, oh combien,
dans mes relations plus intimes, dans ma vie de couple, il me serait, il nous
serait nécessaire d'être plus authentiques, nous y renonçons,
j'y renonce, je ne peux parler que pour moi, par faiblesse, par habitude, par
peur des conséquences.
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15/04/04
: Paris bonheur :
Chouette journée. Beau temps
printanier. Nous avons pu déjeuner sur la terrasse. Le forsythia pâlit
un peu, il a perdu pas mal de ses grains d'or et commence à tourner au
vert avec la pousse des nouvelles feuilles. Mais les lilas bourgeonnent et ne
demandent qu'à s'ouvrir, ce sera pour demain, après-demain
La cour est très calme, beaucoup de voisins sont partis en vacances. On
s'est fait un pique-nique mais un pique-nique de luxe, foie gras, bonnes salades,
bon fromage et bon vin et puis gâteau délicieux, on fêtait
l'anniversaire de Constance. Elle était détendue, moi aussi et nos
deux gars en pleine forme, gais et toniques, on a passé un très
bon moment.
Ensuite Constance est retournée travailler. Moi j'étais
libre. J'ai pris mon vélo et suis parti à travers Paris avec l'idée
d'aller voir l'expo sur les paysages chinois au Grand Palais. Les avenues sont
tranquilles, il y a moins de circulation que d'habitude un jour de semaine, je
passe Montparnasse, traverse le quartier des ministères, m'arrête
un moment sur l'esplanade des Invalides. Arrivé au Grand Palais, j'ai renoncé
à l'expo, j'ai eu envie de rester dehors, de profiter de vrais paysages
et non de leurs images. Je suis descendu sur les berges de la Seine, je me suis
promené le long des ports de Paris, là où sont amarrées
de nombreuses péniches, le plus souvent résidentielles. Port du
Louvre je me suis arrêté un long moment, à l'ombre d'un platane,
j'ai regardé le ciel, le remuement du fleuve, le mouvement des bateaux,
à travers la découpe des jeunes feuilles, irisées par le
soleil à contre-jour. J'ai assisté à l'arrivée d'un
batobus, à la descente et à la montée des voyageurs, touristes
et promeneurs. C'est désormais un transport parisien (presque) comme un
autre, qui mène du Jardin des Plantes à la Tour Eiffel avec une
petite dizaine d'arrêts intermédiaires. Plus sympa que le métro
quand même ! Dés qu'on est sur le quai, en contrebas de la circulation,
on se sent un peu isolé de la ville, les bruits sont atténués,
la pollution semble moins présente, l'air parait plus vif, tout ça
est peut-être purement subjectif mais enfin c'est comme ça que je
le ressens, j'ai l'impression que je respire mieux dès que je marche ou
pédale au bord de l'eau. Ce qui fait d'autant plus regretter que l'ensemble
des berges de la Seine ne soient pas rendues aux piétons et cyclistes.
Elles le sont maintenant le dimanche et une partie de l'été avec
l'opération Paris-Plage mais ce devrait être permanent et non pas
l'effet d'opérations ponctuelles, très médiatisées
et vaguement démago dans la façon dont elles sont présentées.
Bref, arrivé à la hauteur du Pont Neuf, il m'a fallu quitter la
berge, rendue à la voie rapide vrombissante, remonter dans la ville, et
rentrer comme j'ai pu par les rues les plus calmes possibles.
J'ai retrouvé
ma terrasse, une bonne bière, j'ai le portable devant moi et j'écris
ces mots
Je me sens bien...
Un petit détail qui explique sans
doute pas mal de choses. Je ne suis pas tout à fait en vacances mais c'est
quasi comme
Je suis en service allégé, très allégé.
Je passe au bureau le matin, regarde mon courrier, règle quelques problèmes,
me remets à jour de certaines choses que je n'ai pas eu le temps de faire
dans le feu de la période précédente, tout ça tranquillement
et sans stress. Être cool, sans pression, ça aide tout de même
à profiter de la vie. Ouh là là, je me sens de plus en plus
mûr pour la retraite ! Pour une autre vie d'activités plutôt,
d'activités librement choisies. C'est pas tout à fait demain la
veille et en même temps je sais que ça viendra vite, trop vite. Paradoxe
!
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