18/05/05 : Respiration :
Ce soir nous recevons nos amies américaines
de passage à Paris mais avant de rejoindre les fourneaux je
m’autorise cette petite halte en sortant du travail. Je descend
du métro à Austerlitz et entre au jardin des Plantes.
Je me cherche un banc bien situé, mi ombre, mi soleil, tourné
vers l’allée pour pouvoir profiter de la vue des passants.
Pas facile. Ce genre de places est très couru. Mais en voici
une qui se libère…
Je m’assieds, parcours distraitement les titres
du Monde puis sors mon cahier et commence à y poser mes mots.
Je n’ai guère écrit tous ces jours derniers. Pas
le temps ! Énormément de travail à mon bureau,
je prends conscience de tout ce qu’implique la réorganisation
qui se prépare, j'ai eu d’autres sollicitations aussi.
Et puis, c’est la saison qui veut ça, nous avons plusieurs
passages d’amis de province ou de l’étranger. C’est
agréable. Mais un peu bousculant. Je me rends compte combien
j’ai besoin de trouver de temps en temps le loisir d’écrire.
C’est une halte. C’est une respiration. Par moments mon
écriture m’envahit trop, je n’aime pas ça
alors, ça peut devenir lourd, obsédant, substitut à
la vie. Mais à l’inverse je me rends compte que quand
je reste plusieurs jours sans écrire cela me manque et quand
je reprends la plume alors, comme en ce moment, c’est un vrai
plaisir, simple, immédiat, qui ne pose pas question.
Le temps est redevenu superbe après quelques
jours gris et froids. Il fait frais. Il fait bon. Les verts sont tendres
autant qu’ils peuvent l’être au cœur de la
ville. Contraste chez les passants, certains ont blousons fermés,
pulls ou manteaux, d’autres sont cols ouverts, bras nus, jupes
raccourcies ou nombrils au vent, mais tous, à voir la détente
dominante des visages, semblent percevoir l’ambiance printanière
de la journée et en jouir.
Être dans l’instant !
On a appris hier la mort d’un ami, plus exactement
du mari d’une amie, pas un proche, ça fait frémir,
une jeune soixantaine, cancer, six mois, la pieuvre a fait vite !
Effrayant ! Comme par hasard mes douleurs baladeuses recommencent
à se manifester !
Cela dit aujourd'hui j’ai croisé une
ancienne collègue, partie à la retraite il y a deux
ans après deux années déjà d’arrêt
de longue maladie. Après un ou deux coups de téléphone
pour prendre de ses nouvelles j’avais senti qu’elle ne
souhaitait plus avoir de contact avec l’équipe et je
la croyais très mal en point, elle est peut-être morte,
pensais-je… Je l’ai vue passer, pimpante, guillerette.
Elle était de l’autre côté de la rue, elle
ne m’a pas vu, je n’ai pas pu la rejoindre et aller lui
faire une bise. N’empêche ça a été
un réel plaisir rien que de l’apercevoir et comme un
contrepoint à la nouvelle triste de la veille.
La petite dame sur le banc à côté
de moi me dit : « Il est six heures et demi… Il faut que
j’aille reprendre mon autobus pour rentrer chez moi… Au
revoir Monsieur… » … « Au revoir, Madame…
»… Ben oui, moi aussi, il faudrait que j’y aille,
mes magrets de canard au miel et au citron vert m’attendent…
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20/05/05 : Rite de
mai :
J’ai procédé ce matin à
mon rite de mai. Devrais-je dire que j’ai cédé
à ma névrose ? J’ai été acheter
mes trois volumes de la Pléiade annuel pour pouvoir obtenir
l’album hors commerce publié chaque année et qu’on
ne peut obtenir que pendant la quinzaine promotionnelle qu’organise
chaque année cette célèbre collection. C’est
une idée commerciale redoutablement efficace. Chaque année
j’hésite un peu. Qu’est ce que ça veut dire
ce goût de l’avoir et de l’accumulation, cette volonté
de ne pas laisser échapper un seul des volumes de la série
quasi indépendamment de l’intérêt que je
porte réellement au sujet traité ? Mélange de
réticences quasi morales et d’un certain malaise à
ce que le goût des collections révèle d’un
peu névrotique dans la structure d’une personnalité.
J’hésite mais finalement j’achète. Ce n’est
rien qu’un peu d’argent, alors puisque je peux, pourquoi
m’en priver, pourquoi me questionner, je ne fais de mal à
personne, à la rigueur je me crée quelques frustrations
face à ce qu’inévitablement je n’aurais
pas le temps de lire (trois pléiades ça fait beaucoup
!).
Mais il y a ce plaisir au départ. Déchirer
la pellicule de l’emballage, sortir les livres, les feuilleter,
lire quelques pages ici, une introduction là, les avoir près
de moi sur l’étagère à côté
de mon lit. En général après ce premier survol,
c’est l’album que j'aborde en premier, ça se lit
assez vite, il y a le plaisir de l’iconographie, c’est
parfois l’occasion de découvertes d’œuvres
ou d’auteurs que je connais peu, vers lesquels je ne me serais
pas tourné sans cela, cette année ce sont "les
Mille et une Nuits", un continent inconnu pour moi. Pour les
autres volumes c’est variable. Après le survol il y en
a un ou deux, rarement les trois dont je lis une partie significative,
notamment pendant mes vacances d’été. Dans mes
choix d’achats j’essaie d’associer des auteurs variés,
certains déjà connus et lus en partie pour lesquels
j’ai plaisir à avoir une édition somme enrichie
d’un appareil critique souvent très intéressant
(j’ai ainsi relu pas mal de Balzac au fur et à mesure
de la parution de la nouvelle édition, même chose pour
Proust, pour Simenon, pour Leiris) et d’autres qui ne sont pour
moi que des noms et dont j’espère que la découverte
m’apportera du plaisir. Évidemment, pour découvrir,
un petit poche ou un emprunt en bibliothèque paraîtrait
plus judicieux mais voilà l’habileté commerciale
de la Pléiade et ma névrose collectionnite font leur
office…
Alors cette année c’est le premier
tome des Mille et une Nuits, les romans de Jane Austen et le quatrième
tome de Green, premier volume de son journal et première incursion
de ma part chez cet auteur. Rien à priori ne me rapproche de
lui sinon la pratique diariste, je me sens très éloigné
socialement, culturellement, et par mon absence de sentiments religieux,
mais précisément à cause de cette distance j’ai
envie de le découvrir. Et sans doute aussi y a-t-il là
une envie de connivence avec cette chère Sylvia
pour qui il est un auteur fétiche et un peu plus, comme un
maître de vie peut-être, et chez qui j’ai eu plaisir
à lire de bien belles citations du « cher Green ».
Et je vais ressortir l’album que justement la Pleiade lui a
consacré il y a quelques années, ces achats ainsi ne
font pas que de la lecture morte, avalée sur le moment puis
accumulée, oubliée sur une étagère, ils
viennent s’inviter dans la lecture vive.
Par curiosité j’ai été
compter la ligne des albums Pléiade dans ma bibliothèque.
Un, deux, trois… vingt et un, vingt-deux, vingt-trois…
Vingt-trois ! Je n’en reviens pas. Je n’ai jamais acheté
de volumes d’années antérieures chez des bouquinistes
donc vingt-trois cela veut dire vingt-trois ans ! Jamais je ne l’aurais
imaginé. Cette collection se compte en années passées.
Son enrichissement est donc aussi signe du temps dévoré.
Il y a quelques années j’étais heureux sans malice
et sans questions de pouvoir compter un volume de
plus, peut-être que cela désormais s’inverse. Quoi
! Il y en a déjà tant ! Tant d’années qui
se décomptent de ce qui reste…
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23/05/05 : Pique-nique
anniversaire :
Hier soir on est rentré crevés mais
contents.
On fêtait de façon un peu décalé
dans le temps l’anniversaire de Constance, un millésime
marquant, changement de décennie et pas n’importe laquelle,
la moitié du siècle… Un anniversaire n’est
rien qu’un jour comme un autre qui s’inscrit dans un continuum.
Ou plutôt il n’est qu’un moment symbolique et que
ce qu’on choisit d’y mettre. Là nous avons voulu
fêter, nous avons voulu accueillir l’avenir. Au début
Constance était plutôt réticente, c’est
moi qui ai insisté. J’ai bien fait. Je crois qu’elle
a été très contente de la journée et moi
aussi. Plaisir simple et immédiat de se retrouver dans un contexte
agréable mais aussi volonté peut-être de dire
un espoir et de le partager, espoir d’une acceptation résolue
de l’entrée dans ce nouveau temps de la vie, espoir d’en
faire un temps des rebonds, un temps de la sérénité,
un temps de savoir vivre où s’affûte la capacité
à profiter de l’instant et des années qui restent
et qui peuvent, nous voulons nous en convaincre, être riches
encore de promesses même si ce ne sont pas les mêmes qu’autrefois.
On a voulu pour cela faire une fête différente
de ces anniversaires familiaux rituels dont j’ai parlé
parfois dans ces pages et qui si souvent me sont pénibles.
Nous avions choisi d’inviter familles et amis à une randonnée
en forêt et à un grand pique-nique suivi d’une
rencontre plus classique en fin d’après-midi chez la
maman de Constance autour des gâteaux et du champagne. L’affaire
a été un peu lourde à coordonner, nous sommes
allés sur place dès la veille puis au marché
de grand matin avant de filer au lieu de la randonnée pour
récupérer les marcheurs tandis que des mains amies achevaient
les préparatifs du pique-nique et convoyaient le tout sur le
lieu des agapes et tout s'est bien passé.
La journée a été réussie.
Elle a mêlé harmonieusement des personnes de divers cercles
et de diverses générations, chacun étant libre
de choisir ce qu’il voulait, certains sont venus randonner,
d’autres se sont contentés de nous rejoindre au pique-nique,
d’autres seulement pour les gâteaux et le champagne. Tous
étaient invités à tout mais chacun choisissait
et du coup personne semble-t-il n’est venu contraint, chacun
avait l’air franchement heureux de pouvoir partager avec nous
le moment qu’il avait choisi.
Évidemment on a scruté le ciel. La
météo était loin d’être assurée.
Mais l’un dans l’autre malgré quelques gros nuages,
le temps a tenu. Quand nous avons déplié nos nappes
sur l’herbe, sorti nos terrines, nos salades, nos fromages et
nos bouteilles, dans notre somptueuse salle à manger, une rotonde
d’arbres à l’extrémité d’une
allée royale qui court en rebord de forêt dominant Paris
et la Seine, il y avait même un soupçon de soleil.
Je disais que tous avaient l’air heureux.
Pas tout à fait. On a bien vu, bien deviné que certains
de nos amis n’allaient pas très bien. On s’en doutait
de ce que nous savions d’eux ces derniers temps. Mais on a vu
avec peine certains visages fatigués où se lisent des
rides plus affirmées, rides qui ne sont pas que de vieillissement
mais aussi de tristesse ou de soucis, on a vu des personnes que l’on
connaissaient joyeuses et pleines d’énergie cette fois-ci
sans allant et éteintes. Pas beaucoup. Deux personnes. Mais
cela suffit à rendre un peu triste, à rappeler que rien
n’est jamais gagné.
Tout autre chose. Dans le Monde pour illustrer un
article sur les blogs un « Pessin » drôle et qui
en plus n’est pas sans vérité. On y voit un couple
côte à côte. L’homme : « Je peux savoir
ce que tu racontes sur moi ? » La femme : « Ça
ne regarde que les autres ». Joli paradoxe, plus profond qu’il
n’y parait. Il m’est arrivé d’y être
confronté. Je n’ai pas encore trouvé l’équilibre
idéal entre le proche et le lointain, le dit et le non dit…
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24/05/05 : Allez,
OUI…
Ça n’a pas l’air d’être
la pente, alors, de ma modeste voix, j’essaye de dire une fois
encore pourquoi je voterai oui dimanche.
Tous les arguments à vrai dire ont été
échangés, les meilleurs et les pires de chacun des côtés.
C’est vrai qu’il y certains arguments du non qui portent
et certains de ceux du oui qui sont tellement calamiteux qu’ils
donneraient presque envie de voter non ! Mais j’ai relu ce que
je disais dans ma première entrée
sur le sujet, j’ai beaucoup lu et écouté depuis
et pour l’essentiel mes arguments restent les mêmes.
Je suis agacé par le catastrophisme de certains,
la dramatisation maladroite. Bien sûr que l’Europe ne
s’arrêtera pas si le non l’emporte, bien sûr
que des solutions seront recherchées et sans doute trouvées
pour continuer à avancer, simplement on perdra quelques années
et surtout rien ne dit bien au contraire que des futures discussions
sortira un texte plus favorable. Ce à quoi je ne crois pas
c’est qu’à la suite du non français se lèveraient
partout des forces cohérentes susceptibles d’imposer
une renégociation. Quelle illusion ! Quel nombrilisme aussi,
c’est un peu le complexe d’Astérix, nous les petits
français on vous montre la voie. En France d’ailleurs
rien n’indique que se structurerait un mouvement porteur, je
crois plutôt que les zizanies à gauche en seraient renforcées,
rendant illusoire toute idée d’une alternative à
Sarko en 2007.
J’ai bien aimé ce qu’a dit Delors,
pourtant si critiqué y compris dans le camp du oui, parce qu’il
parlait vrai et parce qu’il parlait modeste, sans dramatisation,
s’adressant aux gens comme à des adultes capables de
réfléchir. Cette notion de possibilisme qu’il
met en avant me plait bien, se saisir de la moindre avancée,
même modeste, même ambivalente plutôt que de se
réfugier encore et toujours dans le négativisme en refusant
l’évolution immédiate dans l’espoir d’une
évolution peut-être meilleure mais hypothétique
pour ne pas dire irréaliste. Auparavant il y avait le très
vieux débat réforme/révolution, celui-ci a été
tranché par l’histoire (n’en déplaise à
Laguiller et Besancenot) mais certains pourtant acquis à la
réforme se comportent en fait dans leur attitude pratique comme
si ce clivage était encore pertinent.
Mais tout ça c’est encore de l’argumentation,
de la rationalisation. J’ai une autre raison de dire oui. Plus
fondamentale, j’ai envie de dire plus sentimentale. Cela parait
idiot, on ne fait pas de la politique avec des sentiments, et bien
si on fait aussi de la politique avec des sentiments et avec des symboles.
J’ai envie d’Europe. Je sais que des peuples qui nous
rejoignent ont envie d’Europe, envie de ce qu’elle représente
malgré tout. Nonobstant tous les aspects négatifs c’est
une communauté de paix, le lieu de partage de certaines valeurs.
Le traité constitutionnel malgré ses limites est un
pas pour qu’elle soit autre chose qu’un espace économique,
ce qu’elle est déjà (et qu’elle restera
même si le traité est rejeté). Il m’est
impossible au nom d’arguments techniques même si certains
comportent une part de vérité de donner une réponse
qui sera perçue, qu’on le veuille ou non, comme une réponse
de méfiance, de repli, de fermeture. Je ne veux pas décevoir
l’espérance de ceux qui viennent de loin à travers
les années de dictature mais qui nous sont proches et qui attendent
tant de l’Europe, je ne veux pas être avec les De Villiers
et les Le Pen, je veux être de ceux qui accueillent, de ceux
qui disent « avançons ».
Je réponds oui avec ma tête mais je
réponds oui aussi avec mon cœur et ce n’est pas
le moins important.
L’affaire est-elle entendue ? Je ne sais pas.
C’est vrai que la France la plus populaire, la plus exposée
à tout les excès de la mondialisation et du libéralisme
sauvage va voter non, c’est une réaction de défiance
et de rejet de tout le système, je la comprends, ce n’est
pas une raison pour voter comme elle. Dans nos milieux de classes
moyennes plus ou moins intello à priori plutôt pro-européennes
c’est plus partagé. Pendant notre journée rando-pique-nique
on en a parlé évidemment. Ça n’a pas tourné
aux empoignades sanglantes, les positions étaient contrastées
mais respectueuses, dans le petit groupe d’une douzaine avec
qui j’ai échangé là-dessus, il y avait
cinq-six oui affirmés, deux-trois très hésitants
mais s’exprimant peu, deux non déterminés et surtout
deux personnes penchant fortement pour le non mais qui ressentaient
une réticence et même un profond malaise à devoir
mettre un bulletin non dans l’urne à cause de la charge
symbolique d’un tel vote. Je les comprends tout à fait.
Ce sont les personnes comme elles qui feront la différence.
Gardez votre hargne contre notre lamentable gouvernement
pour plus tard. Votez avec votre tête et si votre tête
est trop partagée, écoutez donc aussi votre cœur...
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28/05/05 : Coup de
chaud :
Gros coup de chaud sur Paris hier. C’est un
bonheur cette chaleur dans son premier surgissement. S’installe
une ambiance soudainement estivale qui est promesse des vacances,
ça sent « les cahiers au feu, la maîtresse au milieu
», il y a beaucoup d’échéances lourdes comme
chaque année à cette saison et pourtant une espèce
d’allégresse se pose sur chacun, c’était
sensible ce matin à une réunion professionnelle, on
s’est attardé devant le bâtiment au soleil, personne
n’arrivait à rentrer, on papotait, on se sentait déjà
ailleurs.
La chaleur est d’abord un réconfort. On a l’impression
d’être une pile qui se recharge à l’énergie
solaire, on a envie d’y exposer son corps, on est content d’en
être baigné, enveloppé de toute part. Le corps
communique avec sa source.
Ce n’est qu’après, lorsqu’elle dure, que
cette chaleur devient pénible, spécialement entre les
murs de la ville, quand elle surchauffe les appartements, charge l’air
de pollution et le rend difficile à respirer mais on n’en
est pas là…
Bonheur des corps dans le parc traversé pendant l’après-midi
au retour du bureau…



Ensuite j’ai vu « Locataires »
de Kim Ki-Duh. J’ai beaucoup aimé ce film. Il s’éclaire
par la fin qui est vraiment très belle. Au début on
peut rester à distance, les personnages paraissent un peu transparents,
sans épaisseur, l’errance un peu artificielle mais tout
cela s’éclaire à partir du séjour du garçon
en prison : il conquiert par maîtrise intérieure une
forme d’invisibilité, expression d’une façon
d’être au monde sans y être tout à fait.
Sous la pluie des coups, il garde son sourire lointain, marque de
son invincibilité intérieure, signe de sa présence
à lui-même. Sa présence-absence donne lieu alors
à quelques scènes formellement très belles, notamment
lorsqu’il retrouve la femme et s’inscrit à nouveau
dans sa vie s’immisçant en un ballet magnifique entre
elle et le mari. Ce que je jugeais artificiel au début et cette
transparence des personnages qui m’agaçait prennent alors
sens, deviennent étape d’une progression. L’homme
et la femme s’en vont ailleurs, s’éloignent de
cette société brutale et avide, comme s’ils s’en
évaporaient. Reste la douceur de leur relation, ils sont silencieux
mais ils se sourient. C’est un conte mais c’est un beau
conte.
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29/05/05 : Attente
:
Dans deux heures on saura, quand je mettrai en ligne
on saura. Ça parait mal barré mais je ne fais aucun
pronostic. Le taux de participation semble très important :
de là à savoir si c’est un bon signe ou l’inverse,
j’ai envie de dire oui plutôt mais je n’y mettrais
pas ma main à couper…
Attente, mais qui n’est pas exaltée,
rien à voir avec ce qu’elle fut en 1981 par exemple où
nous étions réunis à la maison avec des amis
prêt à aller faire la fête si jamais, si jamais…
Là je me demande seulement si on va éviter le pire.
Je serais très triste si le non l’emporte mais je n’irais
pas déboucher le champagne si finalement c’est le oui,
simplement je dirais ouf…
J’ai fait campagne à mon petit niveau,
pendant ces quelques derniers jours, j’ai envoyé des
tournées de mail à des personnes que je sentais profondément
hésitantes, j’en ai appelé quelques unes et eu
quelques conversations téléphoniques assez serrées.
Moi qui ne suis plus encarté nulle part, qui ne suis même
plus syndiqué, ça faisait longtemps que je n’avais
pas mouillé ma chemise à argumenter. Ça m’a
rappelé d’autres temps. Je ne sais si j’ai convaincu,
un ou deux m’ont laissé entendre que oui mais évidemment
je n’en sais rien…
Et puis j’ai eu envie de prendre l’air
par rapport à tout ça aussi. Ce matin j’ai commencé
la lecture du journal de Green. Ça dépayse. Glisser
dans ce monde aboli, les bourgeois intello et mondains de la fin des
années vingt, la vie intellectuelle parisienne, les conversations
avec Gide et quelques autres, les scrupules et les interrogations
vis-à-vis de la religion, me voici loin, très loin…
Et puis cet après-midi j’ai été
avec Constance voir au Louvre l’exposition sur la France romane.
Comme toujours il faut le temps de s’acclimater, de parvenir
à oublier un peu la foule autour de soi pour commencer à
communiquer avec les œuvres. Quelques très beaux chapiteaux
qu’on a le plaisir de voir de près. Quelques très
beaux vitraux aussi comme cette Ascension de la Vierge entourée
des douze apôtres dont la vivacité de mouvement me frappe.
Enfin la série des statues reliquaires vraiment superbes, je
suis resté longtemps à les contempler, passant de l’une
à l’autre, les observant dans leur différence
mais aussi dans ce qui fonde leur force commune, ces regards tout
d’intériorité, ces longues mains bénissantes...
On sait… On a su un peu avant d’ailleurs.
Il y avait soi disant des consignes du CSA pour éviter que
le moindre résultat soit donné avant l’heure.
Mais comme les journalistes ont été se promener dans
les états majors des partis, à voir la tête des
uns et des autres il n’y avait plus le moindre doute. J’ai
regardé la soirée électorale pendant deux heures.
Rien à dire. Conforme à l’attendu en pareille
circonstance de la part des uns et des autres. On va voir les conséquences
maintenant, je ne les prédis pas bonnes, il y aura des désillusions…
Allez, dodo, demain est un autre jour…