LES ÉCHOS DE VALCLAIR

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MOIS de SEPTEMBRE 2004 (1°quinzaine)

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01/09/04 : Reprise :

Insomnie. Alors, j’écris. Il n’est pas sûr que ce soit une bonne façon de faire venir le sommeil mais en tout cas c’est déjà un moyen de discipliner mon esprit, de le concentrer sur un point - l’idée à exprimer, les mots à choisir, la phrase à construire – et donc d’écarter le ballet des pensées tourbillonnantes et l’excitation qui les accompagne.

Je suis dans une insomnie du plein, de celles où les idées, les projets possibles me viennent en foule dans la tête et s’y bousculent. Elles sont épuisantes et sans lendemain et je sais d’expérience qu’au réveil , à la lumière du matin, bien des idées qui semblaient faramineuses se révèlent fumeuses et impraticables. Mais je préfère infiniment ces insomnies du plein aux insomnies du vide qui me visitent parfois, avec de l’angoisse sans objet, des idées noires et des murs de toutes parts auxquels je me cogne.

Mon travail professionnel a sa part dans mes cogitations et plus que sa part. Demain, non ce matin, la mi-nuit est passée depuis longtemps, je retrouve tout mon monde, toute mon équipe est de retour avec en prime plusieurs collègues nouveaux, arrivées bienvenues d’un peu de sang neuf, mais il va falloir mettre au point les derniers détails d’organisation du travail et de répartition des tâches, c’est toujours là, dans les détails, et parfois dans les plus dérisoires, que ça coince. Je tourne les hypothèses dans ma tête, je combine et recombine, imaginant les objections des uns et des autres, tentant de trouver la solution qui passera sans trop de mal. Et je pense à moi en plus, j’essaie de trouver le moyen de me dégager deux demi-journées (et non une comme jusque là) où je pourrais, sauf coup de bourre ou réunion convoquée, me libérer facilement. Deux demi-journées, à moi, tout à fait à moi, pendant que Constance sera à son travail et les gars dans leurs écoles, deux demi-journées pour m’enfuir et pour me trouver, deux demi-journées pour me balader et pour écrire, pour rêver et pour vivre…

Et je repense à mes lectures aussi. J’ai refait un grand plongeon dans le diarisme avant de me coucher et il n’est pas pour rien dans mes excitations. J’ai été voir les familiers, où en sont-ils les uns et les autres, celle-ci n’a pas l’air très bien et s’est cachée, celle-ci au contraire semble remonter la pente, celle là part en voyage, la veinarde, au moment où l’on rentre, j’aimerais avoir la sérénité et l’acceptation de celui-ci. Mais je suis allé à la découverte aussi, au hasard des liens. Bribes survolées, fenêtres entrouvertes, silhouettes devinées, kaléidoscope de vies, si lointaines et parfois si proches. Chez Obsolettres ça a l’air bien calme, un peu trop, mais là, voilà justement un sujet d’atelier qui me plairait bien : « décrire le moment marquant de votre vie ». Le « le », c’est une gageure, il n’y en aucun moment qui s’impose, mais trois ou quatre au moins, dans des registres totalement différents, qui me viennent immédiatement à l’esprit, j’écrirais bien là-dessus, juste pour le plaisir de reconvoquer ces souvenirs, mais j’arrive après la bataille, cet atelier va fermer…

J’ai été me balader sur mes stats aussi, la fréquentation de mon site progresse lentement et régulièrement. Je croyais n’y attacher aucune importance mais non, ça fait plaisir, si on met en ligne, c’est bien pour être lu. J’ai vu des pics après mes mises à jour, ce ne sont donc pas que des visiteurs de hasard, arrivés là à partir de demandes baroques sur Google, il y a semble-t-il un petit lectorat régulier qui se constitue peu à peu. Sur l’E-score, dans le groupe littérature-poésie, je me suis retrouvé juste à côté d’Azulah, j’ai trouvé ça sympa, ce télescopage, j’aime bien que dans ce tout petit monde dans lequel je suis désormais, parmi ces inconnus qui ne se sont jamais vus mais qui se connaissent et se reconnaissent, j’aime bien que l’on se croise au hasard d’un site ou d’un lien. Si je pouvais, je ferais un clin d’œil. Alors clin d’œil à Azulah, si elle lit cette entrée…

Dedans, dehors. Ça grattait la guitare sur la place devant la maison, un type chantait… Chaque fois que je perçois ainsi une rumeur de fête dans laquelle je ne suis pas j’ai un petit pincement. Je m’agace au bruit, j’ai un peu de hargne idiote, envieuse sans doute, devant cette joie que je devine. Je me sens comme un vieux con grincheux. Moi je suis derrière mes fenêtres fermées, mes rideaux tirés, dans mon cocon, je suis dedans. Et qu’est-ce que cet écran où clignotent les mots que je fais défiler, lucarne vers les autres ou peut-être passerelle, qu’est ce sinon un dehors illusoire, un dehors de substitution ? Mais je l’aime bien mon dedans, avec sa fenêtre à vies, je l’aime bien et je m’en délecte.

Ça y est, mes mots s’espacent, mes yeux se ferment, je vais m’endormir, il est plus de trois heures, le réveil brutal et la journée longue et stressante qui s’annonce, c’est pour bientôt…

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03/09/04 : Penser à ça…

Je n’ai pas du tout pensé à ça aujourd'hui, au bureau j’étais encore occupé à 120% puis le soir j’ai directement été dîner chez Papa. Nous nous y sommes retrouvés avec Constance et les deux garçons, pour un dîner délicieux, arrosé d’une très bonne bouteille. Il part en voyage après-demain, avec des amis polonais qui lui ont proposé hier de les accompagner. Ils partent en car pour Varsovie, 22 heures de bus, à son âge je trouve ça assez héroïque, là bas il sera reçu dans des familles, à Varsovie, à Cracovie puis en montagne, je suis admiratif de sa vitalité, de sa capacité à se décider du jour au lendemain pour un type de voyage pas précisément style troisième âge, alors qu’il va avoir quatre-vingt ans. Ça me rend heureux qu’il ait cette pêche, mais non sans une petite angoisse, car je sais que ça ne durera pas, que viendra l’inévitable décrépitude, cinq ans, dix ans, c’est demain…

Alors c’est en rentrant que je me suis mis à penser à ça, doucement d’abord, juste une ombre gaie d’abord au fond du crâne, une petite musique qui s’est amplifiée peu à peu…

Je dois revoir ce week-end la diariste que j’ai rencontrée avant les vacances et je me laisse aller à imaginer ce qui pourrait se nouer peut-être, je repense à des mots que j’ai lu d’elle au détour d’une entrée, je me demande si ces mots ne s’adressaient pas à moi, c’est une vague supposition d’abord, tiens, tiens, ça se pourrait bien, puis ça devient une quasi certitude, ces mots là ils collent tellement avec ce qu’elle doit imaginer que j’aimerais entendre et, tiens, justement, elle les a écrits quelques heures après le mail que je lui ai adressé. J’adore ça, cette supposition, que ces mots jetés comme une réflexion générale aux quatre coins du web, puissent avoir peut-être un autre sens, un destinataire précis et qu’ils soient un signe alors…

Ça va vite quand l’imagination se met de la partie, Je suis couché. J’ai éteint, je me laisse aller à la rêverie, je ne sais pas bien ce que j’attends, je ne veux pas forcément me lancer dans une « aventure », n’empêche je me mets à bander doucement, Constance qui travaillait encore en bas remonte justement et s’allonge près de moi, j’attire sa main, elle la retire, je n’insiste pas, il n’y a pas de mots encore, c’est dommage, juste « j’ai très sommeil », elle se tourne, moi je suis très éveillé, je pense, je pense à ça…

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05/09/04 : Grand écart :

Journée riche hier, d’attente, d’émotion, d’échanges, journée un peu schizophrène aussi où je suis passé sans transition entre deux faces de ma vie qui ne communiquent pas.
Situation banale sans doute pour beaucoup qui ont des doubles vies cloisonnées mais inhabituelle, nouvelle pour moi, nouvelle en tout cas dans « la vie sur terre » puisque elle existe déjà de longtemps dans les mots que j’écris.

J’ai déjeuné avec ma diariste. Je l’ai trouvée plus attirante que la dernière fois, plus rayonnante surtout, en raison aussi de cette ambiance de plein été qui régnait sur toutes choses, légèreté de son vêtement, soleil ardent, terrasse dépaysante. J’ai aimé ses mots comme je les aime quand je la lis, avec son humour, sa verve mais aussi sa finesse et sa profondeur. Je me suis senti bien, détendu, en confiance, parlant de l’écriture, des gens, de la vie, de moi. Je ne crois pas me tromper en me disant qu’une amitié se noue, non exempte de tendresse, que nous aurons plaisir à échanger encore, à nous apprivoiser peut-être un peu plus l’un l’autre. J’ai senti aussi palpiter une pointe de désir, l'envie de poser ma main sur cette peau que j’ai devinée si douce, si digne d’être honorée de caresses.

En rentrant à la maison, je me sentais guilleret, heureux, soulagé sans doute que ne se soient pas nouées aussi des relations dans lesquelles les corps auraient eu plus de place. Lâche soulagement, me suis-je dit un peu plus tard, signe encore de mes peurs face aux corps et face, plus généralement, à tout ce qui peut déborder, se retrouver hors contrôle.

Le soir nous sommes allés chez la maman de Constance, à l’occasion de deux anniversaires familiaux. Comme tout cela, sur le moment, m’a paru plat, vide, ce rituel chaque fois renouvelé, le buffet, tartes salées, salades, charcuterie, fromages, gâteaux, champagne, bougies, cadeaux, photos, toujours les mêmes, tant de paroles échangées, les gosses, les boulots, les vacances, tant de paroles mais tellement à la surface, tellement loin du cœur de soi.

Quelques heures entre les deux moments, juste un coup de bagnole mais une distance sidérale... Distance entre le nouveau, l’ouvert, le vivant et le routinier, le figé, le connu d’avance...
Il faut que je rouvre les portes, que je laisse entrer l’air.
Pourquoi les ai-je tenu fermées si longtemps ?

Il y a une magie, vraiment, dans cette écriture jetée aux quatre vents de la toile, qui permet de s’ouvrir à d’autres, d’emblée, tellement plus vite que dans les relations familiales, professionnelles ou même amicales, de mes amitiés routinières, superficielles et que j’ai de toute façon laissées se figer depuis trop longtemps. Dans mes réflexions peu après mon passage en ligne j’avais perçu quatre fonctions à cette nouvelle modalité d’écrire, je me rends compte maintenant combien m’importe la dernière d'entre elles, celle de la communication, de l’ouverture vers les autres, de la rencontre, celle vis-à-vis de laquelle au départ j’avais le plus de réticences.

Dimanche magnifique. J’écris dans la cour, sous les lilas, je suis bien, les notes de musique s’égrènent par la fenêtre ouverte, on va déjeuner ici sur la terrasse tout à l’heure, oui, je l’aime bien mon cocon aussi, j'y tiens. Et ensuite on part avec le chargement de valises, livres, ordinateur que Taupin a préparé, vers le campus de l’école, où il va s’installer dès ce soir, une nouvelle phase, là aussi, qui s’ouvre…

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07/09/04 : L’été continue…

Ce matin nous avions réunion avec les chefs, « là-haut », beaucoup de collègues déjeunaient ensemble après, pas moi, merci, pas du tout envie de continuer la réunion du matin, entassés au restaurant, avec en plus les ragots, sur les carrières et/ou les coucheries.

J’ai enlevé la cravate, tombé la veste et rejoint le quartier de mon bureau, je me suis installé à une terrasse un peu en retrait du boulevard, j’ai commandé une bière et une salade. La première gorgée de bière, y a pas à dire, quand il fait chaud et qu’on a le gosier sec, c’est bien une des meilleures choses du monde !

J’ai terminé maintenant mais je ne me presse pas. J’ai sorti une feuille de papier (pas d’ordinateur avec moi évidemment et même pas mon petit cahier sur lequel je griffonne à l’occasion) et laisse venir les mots, lentement, me berçant de toute cette population mélangée qui passe ou s’arrête…

Je capte des bribes de conversation. Sur un portable un type évoque de sombres histoires de partage après une séparation. D’autres qui se font servir cafés et verres d’eau à l’orientale ont l’air de mener là dans une langue inconnue de moi tout un petit commerce très actif. Un groupe de cadres en uniforme sortent à la queue leu leu du restaurant et s’apprêtent à s’égayer chacun de leur côté quand le garçon surgit réclamant un impayé, brève confusion, un portefeuille sort, l’affaire s’arrange…

Dimanche on a casé Taupin sur son campus. Queues, embouteillages, circulation anarchique que tentent de réguler vaguement des anciens armés de talkies-walkies, tout ça dans la bonne humeur, ça aurait plutôt un côté arrivée en colo, c’était assez marrant ce débarquement de familles venant de la France entière avec leurs grands gaillards (et gaillardes) on sent l’excitation de la nouveauté chez tous ces grands ados qui commencent leur nouvelle vie, on devine aussi un peu de fierté discrète chez les parents à voir leur rejeton intégrer une école réputée. La chambre est petite, ils sont deux « copiaules » là-dedans, ça fait plus internat que résidence étudiante, les chambres ne sont pas mixtes mais Taupine a la chambre mitoyenne, ce ne sont plus les bâtiments rigoureusement séparés d’autrefois. Le directeur de l’école a fait un amphi d’information à destination des parents, sur l' histoire de l'école depuis sa fondation dans l’esprit saint-simonien, sur la culture centralienne, sur son projet d’être une école d’ingénieurs pour l’entreprise, sur le changement de paradigme que les élèves allaient trouver par rapport aux classes prépas, sur les fonctions qui s’offriraient à eux, sur l’internationalisation des carrières, sur la responsabilité sociale de l’ingénieur. C’est bien tout ça mais c’est la mondialisation vue par le bon côté. Ça plait beaucoup à Taupin. Moi quand j’étais ado, je faisais partie de ceux qui voulaient travailler dans le social ou le politique, dans la formation ou la culture, qui voulaient aller dans le service public et pas dans les entreprises des méchants capitalistes, on a eu tort peut-être, après tout le mot entreprendre est un beau mot, et les rigidités, les corporatismes de la fonction publique c’est pas rien non plus, de toute façon les temps changent, bon vent, Taupin…

D’autres pensées passent sur mon midi paisible, bien moins gaies, je vois cette ombre du bain de sang en Ossétie. Je me blinde face au monde parce que je n’y peux rien, j’ai cessé de penser plutôt que j’y pouvais quelquechose mais enfin de temps en temps cette réalité du monde nous claque au visage et fait mal. Ces centaines de gosses et d’adultes massacrés, pauvres petites choses qui n’ont pas pesé bien lourds, jouets de la violence aveugle des terroristes, de la brutalité et de l’impéritie du pouvoir russe. Bush et Poutine s’entendent, chacun fait le ménage dans son coin, le ménage ça ne suffit pas et d’ailleurs ça ne marche même pas. (Tiens, au moment de retranscrire ce soir je tombe sur le Plantu du jour qui dit exactement la même chose : un Bush et un Poutine, l’un assis sur l’Irak , l’autre sur la Tchétchénie, s’envoient des mamours, Bush dit « Tirer dans le tas, moi j’aurais fait pareil » et Poutine répond « Mais tu fais pareil ! », un dessin souvent en dit beaucoup). En tout cas l’inhumanité du monde, la pauvreté, ne peuvent que renforcer les viviers du terrorisme. Qu’ils y pensent aussi nos jeunes « élites » qui iront travailler dans les réseaux de la world corp…

L’heure tourne.
Le type à côté de moi avec qui j’ai échangé quelques mots par-dessus nos salades se prend une petite poire pour digérer, j’hésite, mais je reste sage et me contente d’un deuxième café.
L’été ne s’éternisera pas alors j’ai fait un peu durer le plaisir, mais bon, maintenant quand même il faut aller bosser, j’y vais…

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11/09/04 : Trois ans !

J’aurais presque du mal à le croire. Trois ans déjà le 11 septembre ! J’ai l’impression que c’était hier. Trois ans ! Maman vivait encore, Bilbo était un collégien à la voix fluette, Taupin venait juste de passer le bac. Je ne me rappelle plus comment j’avais su mais je me revois scotché devant la télévision en fin d’après-midi, au moment où les garçons sont rentrés, je nous vois regarder ensemble fascinés, avec cette impression d’être tout à coup dans le scénario d’un film catastrophe, je me souviens d’avoir échangé avec Taupin là-dessus, ça nous a frappés ensemble, c’est un « bon » scénario de film catastrophe, sauf que ce n’est pas un scénario de film…

L’évènement est une matrice encore active, l’onde de choc n’est pas éteinte, elle se propage toujours, démultipliée, ce n’était pas un épiphénomène, un accident de l’histoire du à quelques cervelles folles, les grandes phrases entendues sur le moment du type « rien ne sera plus jamais comme avant », dont on se dit qu’elles sont excessives, qu’elles sont l’effet de l’émotion, se révèlent fondées, jusqu’à maintenant en tout cas. Et si Bush l’emporte encore, si sa politique irresponsable est reconduite, c’est à cela qu’il le devra, à l’ombre portée des tours détruites.

En fait je n’étais venu écrire pour remettre une couche de géopolitique à trois sous, je voulais juste parler de cette impression de temps réfracté. Ce n’est pas la première fois que je parle de ça, qui est d’une extrême banalité. Le temps se rétracte, oui, à mesure qu’on avance vers le terme. Ce n’est pas la peine de prendre le temps d’en parler. Mais c’est que je m’en étonne toujours. J’ai encore des surprises. Quoi ! Trois ans déjà les Tours ! Pas possible ! Mais si, possible, avéré, effectif.

Est-ce que mon écriture ce n’est pas d’abord cela, cette tentative parfaitement vaine et connue comme telle, de retenir le temps. Retenir. C’est une des dimensions de ma personnalité profonde, la rétention plus que la dépense, l’avoir plus que l’être, l’immobilité plus que le flux. Avec l’angoisse qui va avec, puisque justement on ne retient rien, le flux emporte tout, tout file, tout passe.

La pratique du yoga est sûrement une bonne façon de se détacher du temps, non pas de s’en détacher, de l’apprivoiser plutôt, d’accepter en profondeur son écoulement. Cette année pourtant je ne vais pas me réinscrire au cours auquel je participais. Pas le temps ! Trop d’occupations, d’idées, d’envies, je ne veux pas rajouter encore un moment pris à heures fixes, une échéance de plus dans la semaine. Paradoxe ? Pourquoi renoncer à ça plutôt qu’à autre chose si je veux lutter contre ma dispersion ? Je ne sais pas trop, peut-être parce que j’ai épuisé ce que pouvait m’apporter ce cours là, il me faudra peut-être revenir au yoga mais d’une autre façon, plus impliquée et à cela je ne me sens pas encore prêt.

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12/09/04 : Cauchemar :

Un cauchemar, un vrai, comme j’en fais rarement, (ou peut-être est-ce plutôt que je les occulte). Pas un cauchemar violent ou terrifiant, non juste un cauchemar de lenteur et de course, un cauchemar d’impuissance. Le déroulé en est précis, cohérent, les détails me restent, les séquences se succèdent me donnant l’impression d’un très long rêve.

Je suis en voiture avec Constance, nous approchons de Saint Gervais dans les Alpes où nous devons retrouver des amis qui y habitent. Nous nous arrêtons pour prendre de l’essence. Nous n’avons pas d’argent sur nous. Il faut le dire au pompiste mais nous n’osons pas, on se décide enfin, il le prend très mal, il ne veut pas entendre parler d’un paiement par chèque ou par carte ni non plus d’avoir recours à nos amis, il garde la voiture tant qu’il n’est pas payé, il suffit que j’aille chercher de l’argent à un distributeur, j’en trouverais par là, Madame peut rester là en attendant et boire un café.
Je pars, en rage, je cours comme un fou, d’une course que je sais épuisante, inadaptée, une course de colère. L’endroit ne ressemble absolument pas au Saint Gervais que je connais, c’est plutôt une espèce de banlieue lâche dans un paysage plat, le centre n’est pas localisable, j’avance un peu au hasard.
Je passe une zone de commerces mais aucune banque, aucun distributeur. Je continue mon chemin atterré. J’interroge un autre pompiste. Il me dit que je vais trouver, par là, à un bon quart d’heure de marche.
Je m’exaspère de plus en plus. Je perds mon temps. Le moment agréable que nous devions passer avec nos amis me semble de plus en plus compromis par cette course idiote. En plus j’ai l’impression que je n’avance pas, malgré ma volonté d’aller vite, les maisons que je dépasse, les champs que je longe s’étirent à n’en plus finir.
Je me dis « Calme-toi, détends-toi, ton énervement ne te sert à rien, ton ami Lugné-poe te l’a dis » (d’où a surgi ce nom ? Je pense que c’est un vague écrivain du 19°, je n’ai jamais rien lu de lui, j’ai du seulement croiser son nom à l’occasion).
Je suis sur une petite route, il me semble que le soir tombe, je m’engage dans un espèce de boyau qui grimpe en colimaçon, je monte, à la fin je dois même me hisser avec les bras pour en sortir, je débouche à côté d’une batterie de poubelles, dans un grand hangar, en fait j’ai du arriver par le vide-ordures. Je pense toujours à cet argent que je dois retirer, je me dis que je vais enfin être vraiment dans la ville si j’arrive à traverser ce hangar, à en sortir...
J’avance, j’avance sans déboucher...

Je m’éveille.

Est-ce que cela à un rapport avec un week-end qui s’est plutôt bien passé, où nous nous sommes sentis proches, Constance et moi, où nous nous sommes retrouvés avec chaleur dans la nuit non sans des approches un peu laborieuses, où je m’étais dit, puisque nous nous sentions bien, que j’oserai lui dire tout ce qui reste en silence entre nous, ce que finalement, une fois de plus, je n’ai pas su, pas voulu faire ?

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14/09/04 : Visite :


Hier soir coup de téléphone de Taupin depuis le car qui le ramène de son week-end d’intégration, trois jours passés dans le sud au bord de la mer, consacrés à des activités sportives et festives et, heureusement, sans aucune forme de ces détestables bizuthages qui se pratiquent dans certaines écoles. Il nous demande s’il peut venir avec sa copine dîner et dormir à la maison. Évidemment !

Ils ont donc débarqués vers 10h du soir. Bien sûr Taupin a ramené un gros sac de linge sale, puissant facteur de maintien du cordon ombilical dans les débuts de la vie hors chez papa-maman. On avait déjà dîné mais on s’est remis autour de la table avec eux et on a parlé, longuement. Ils nous ont donné leurs premières impressions de l’école, de leur nouvelle vie. On les a sentis tellement contents de ce basculement dans ce qui leur parait la vie adulte après l’infantilisation des années de prépas, avides de découvertes, avides de cet avenir qui s’ouvre à eux. Cette pêche nous rendait heureux nous-mêmes et Bilbo de son côté n’était pas en reste de questions et de commentaires.

Il y a la vie qui descend mais il y a la vie qui monte aussi, il faut savoir la regarder, tenter de s’en fortifier.
C’était bien, ce simple moment famille.
Il n’y a pas grand-chose à en dire.
Mais justement j’avais envie de le dire, ce moment simple, loin de mes interrogations nombrilistes habituelles.

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